Crise artistique : Dakar by night ou la dévaluation culturelle

Depuis un certain moment, les nuits dakaroises se résument sur le plan culturel aux soirées mbalax dans les boîtes de nuit, aux soirées de musique acoustique, jazz ou afro dans les restos jardin ou club de jazz…

Publié le 11 décembre 2006  

Ce qui fait courir les Dakarois « ce sont les restos qui font vivre des moments de détente et aident un tant soit peu à faire oublier le stress quotidien du travail », confie Aboubacar Cissokho, journaliste culturel réfugié au Just 4 U une nuit pour suivre Pape et Cheikh. Il regrette n’avoir d’autre lieu d’évasion car il manque à sa « nuit culturelle des projections de bons films dans les salles de cinéma ». Le théâtre aussi lui manque. A. Cissokho pleure que son Dakar by night soit orphelin de « grands concerts musicaux à l’occasion desquels les Dakarois peuvent voir des grosses pointures de la musique internationale, par exemple Africa Live, Ebony, Music Ebène… ».

Demba Ndiaye, grand animateur culturel et patron du Fesnac a fait le même constat : « c’est dramatique. Il n’y a pas une salle de cinéma correcte. C’est triste car les Sénégalais en raffolent. L’exemple a été donné par des promoteurs qui ont fait des projections en plein air de films africains au dernier Fesnac à Tamba et c’était plein tous les soirs. Les sabars et autres manifestations nocturnes de quartier n’existent plus à cause de l’insécurité, du manque d’éclairage public et du coût élevé de la vie. Les cercles traditionnels d’expression culturelle, les soirées folkloriques ethniques ont disparu pour les mêmes raisons. Le théâtre vit la même situation. Et ce n’est pas faute de talents car des spectacles comme les Comedy Show drainent un monde fou et récoltent un succès énorme les quelques rares fois qu’ils ont lieu. Pour le tout, il faut des mesures d’accompagnement de la part de l’Etat. » La raison du déficit n’est pas à chercher très loin. Selon lui, « la forte fiscalité et ses ramifications empêchent les promoteurs de s’investir. La taxe de 55% répartie entre la municipalité, le fonds d’aide aux artistes, au sport, etc. plus la sécurité qu’il faut assurer font que ceux qui se sont essayés à faire venir Aragon ou d’autres stars comme les reggaemen ont tous été déficitaires. Même Africa Fête qui existe depuis des années n’a pas pour autant fait son trou. »

Pour Demba Ndiaye, l’Etat doit comprendre qu’il doit apporter un soutien aux promoteurs de spectacles artistiques en rediscutant par exemple des mesures prises en commun avec les pays de l’Uemoa. Il doit y avoir des actions concertées entre eux pour créer une ristourne à attribuer aux promoteurs pour que les nuits africaines en général et dakaroises en particulier puissent rayonner au rythme des villes les plus éminemment culturelles du monde.

Heureusement que de petits foyers d’expression résistent encore au marasme culturel du Dakar by night grâce à des endroits comme Just 4 U ou Pen’Art, les boîtes de nuit où se produisent les musiciens de Mbalax ou encore les festivals.

Chucky

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