De renommée internationale, les artistes invités à participer au Off de Dapper ont construit leur œuvre à partir d’expériences individuelles ou collectives.
L’histoire est interrogée, à commencer par celle de l’esclavage qui a lié tragiquement l’Afrique, la Caraïbe et l’Europe. Les façons dont se construisent et se déconstruisent des identités hybrides sont aussi questionnées car elles marquent la personnalité de ceux qui, de plus en plus nombreux aujourd’hui, appartiennent à plusieurs cultures. Par ailleurs, l’œuvre renvoie aussi à la quête de liberté du créateur qui souhaite s’affranchir des contraintes matérielles.
BeauGraff et Guiso (graffiti) : esplanade de Gorée Danngal ngal rewani lawol (L’immigration clandestine), 2018.
Ces deux jeunes artistes ont choisi de se pencher sur l’immigration clandestine, ce phénomène qui décime des familles avec parfois des déroulements tragiques. Sur une toile géante, un magnifique tableau qui vous raconte l’histoire tragique de ceux qui décident d’aller tenter leur chance hors de nos frontières. Une toile remplie de souffrance, d’espoir, pour sensibiliser sur ce problème qui touche aussi bien l’Afrique, que l’Occident.
Joana Choumali : Esplanade ; « Nappy », 2008-2010.
Les œuvres de la photographe ivoirienne sont plus portées sur le mouvement Nappy. Une question identitaire que de nombreuses africaines se pose aujourd’hui en décidant de porter leurs cheveux au naturel. Des cheveux frisés, crépus, plein d’énergie et surtout naturels : la série « Nappy ! » donne à voir les multiples facettes du mouvement Nappy parmi les Afro-descendants et les Africains.
Ernest Breleur : Centre socioculturel Joseph Boubacar Ndiaye : Reconstitution d’une tribu perdue, 2003 (Collage, photos, radiographies, agrafes et nylon)
L’artiste martiniquais présente une pièce montée de radiographies, photos, agrafes et peintures sous la forme d’une coque de bateau. Cette œuvre est un message qui parle de la tragédie du déracinement des peuples. De ce que l’on perd quand on est loin de chez soi. Mais aussi de ce soulagement quand on arrive à se reconstruire.
Gabriel Kemzo Malou : Esplanade : Ici et maintenant, 2018 (Fer)
Le sculpteur présente une grande structure en fer de plus de 3 mètres de haut. Les extrémités des formes interrogatives – situées des deux côtés de la plaque – sont troubles, irrégulières comme ce qui se passe dans des têtes perturbées par des questionnements. Cette plaque représentant une forme humaine symbolise toutes les contraintes liées à nos conditions de vie.
Soly Cissé : Place face à l’Église : Champ de coton, 2018 (Fer, soudure, fibres synthétiques.)
L’artiste sénégalais présente son champ de coton et ses lambeaux de vêtements. Ce coton qui rappelle l’esclavage et le travail de ces hommes en Amérique. L’œuvre invite habitants et visiteurs de l’île de Gorée à faire acte de mémoire et à voyager avec ces âmes vers Saint-Domingue, vers la Louisiane, l’Alabama, la Géorgie et le Texas… Un devoir de mémoire qui sera sur votre chemin lors de votre visite de l’île.
Joël Mpah Dooh : Esplanade Le Cercle des hommes libres, 2018 (Plexiglas gravé et métaux galvanisés)
L’artiste camerounais et ses superpositions d’éléments sont un vrai régal. Histoires d’arbres qui vous entrainent dans un autre monde. La liberté des mouvements, des racines. Le mariage entre le verre, le plexiglass et le fer qui représente ce qu’il y a de fragile et de solide dans la vie, dans les racines.
Bili Bidjocka : Espalande : The Last Supper, 2012 (Rideau composé de perles)
Comme dans toutes les œuvres de Bili Bidjocka, l’absence de représentation des corps a une signification importante. Avec The Last Supper (« le dernier souper »), l’artiste a reproduit le décor du célèbre tableau La Cène (en italien : L’Ultima Cena, soit « le dernier souper ») de Léonard de Vinci en y supprimant les corps. Le rideau peut être traversé de part en part comme si nous étions appelés à aller au-delà des apparences et de l’histoire pour investir « l’envers du décor ».