Les religions et les croyances du Sénégal
Islam, catholicisme et religions traditionnelles du Sénégal
Plus de 90 % de la population sénégalaise est de confession musulmane. L’islamisation du pays date du XIe siècle, époque à laquelle les Almoradives (moines guerriers berbères), conquirent le Nord du Sénégal. L’apparition du christianisme est beaucoup plus récente. Souvent mêlée à ses deux religions, l’animisme, avec ses rites et ses croyances, est encore très présent.
Carte des principaux lieux de culte
Religion musulmane
Religion musulmane
Religion venue du nord par le biais du commerce caravanier, l’islam s’est progressivement implanté au Sénégal et a consolidé son assise grâce aux actions de prosélytisme et de résistance de nombreux marabouts.
La particularité de la religion musulmane au Sénégal est l’existence d’importantes confréries, dont les principales sont les suivantes :
La Qadria
Fondée par Abdoul Qadir Al-Jilali, de Bagdad, au 15ème Siècle, elle constitue la plus ancienne confrérie. Au Sénégal, on en retrouve une branche, établie par Cheikh Bounaama Kounta, religieux né à Bou Lanouar (Mauritanie), qui se fixa au Kayor, où il fonda Ndanklé. Son fils, Cheikh Bou Kounta (1840-1914), fit de Ndiassane - où il s’installa en 1885 - un important centre Qadir. A sa mort, il fut remplacé successivement par ses cinq fils dont le dernier est l’actuel Khalife . Chaque année, le Gamou (jour de la naissance du prophète) de Ndiassane attire de nombreux fidèles.
Les cheikh des autres branches (Fadelia et Sidia) de la confrérie demeurent en Mauritanie. La Qadria reconnaît la primauté du mysticisme et commande de se placer sous l’autorité d’un cheikh.
La Tidjania
La Tidjana a pour fondateur Sidi Ahmed Al Tidjani, né en Algérie en 1737 et décédé à Fez en 1815. Au Fouta-Toro l’essor de la confrérie est dûe à El Hadj Omar Tall (1794-1864), revenu de la Mecque en qualité de Khalife des Tidjanes pour le Soudan.
En pays wolof, le mérite de la propagation de l’ordre revient à El Hadj Malick Sy, né en 1855 près de Dagana. En 1902, il se fixa définitivement à Tivaouane qui devint, sous son impulsion, un centre d’enseignement et de culture islamique. A son décès, en 1922, son fils Ababacar Sy fut le premier khalife ; Mansour Sy, son frère, lui succéda mais mourut quatre jours plus tard. Serigne Mansour Sy est depuis 1997 (date du décès d’Abdoul Aziz Sy) l’actuel khalife.
Le Gamou de Tivaouane rassemble chaque année de nombreux fidèles à l’occasion du Maouloud (naissance du Prophète). La « maison » de Tivaouane n’est pas la seule que compte la confrérie au Sénégal. Il y a celle de Kaolack qui a pour fondateur Abdoulaye Niasse, celle de Médina-Gounass (à l’est du parc du Niokolo Koba) créée par Mamadou Saïdou Ba et, près de Thiès, celle Thiènaba dont l’initiateur fut le disciple d’un célèbre marabout du Fouta, Amadou Sekhou.
La Tidjania attache une grande importance aux aspects culturels et éducatifs. Elle est favorable à l’adhésion individuelle du disciple.
La Mouridia
La confrérie mouride a pour fondateur Amadou Bamba Mbacké (1853-1927), né à Mbacké-Baol, fils et petit-fils de marabouts renommés. Les autorités coloniales le déportèrent au Gabon (1895-1902) puis en Mauritanie (1903-1907) ; il fut ensuite assigné à résidence à Tiéyène dans le Djolof, avant d’être autorisé, en 1912, à s’établir à Diourbel où il mourut.
Chaque année est célébré à Touba (dont la mosquée est la plus grande de l’ouest africain) le Magal, en commémoration du départ en exil d’Amadou Bamba.
Son fils aîné, Mouhamadou Moustapha fut le premier khalife puis vinrent ensuite ses frères Falilou, Abdoul Ahad, Abdou Khadre et Serigne Saliou Mbacké, décédé le 28 décembre 2007.
El Hadj Mouhamadou Lamine Mbacké dit « Bara », le plus âgé des petits-fils de Cheikh Amadou Bamba (82 ans), fils de Falilou, est l’actuel Khalife.
Le mouridisme et fortement marqué par son caractère africain (voire sénégalais). Le Mouride (de “mourit”, aspirant) se doit de se dévouer à son marabout ; l’importance accordée au travail a permis, par le biais des Talibés , la mise en culture de territoires très étendus.
Religion catholique
Religion catholique
La religion catholique est apparue au milieu du 19ème siècle avec l’arrivée des premiers missionnaires français. L’évangélisation fut accompagnée de la construction des premières écoles.
La paroisse de Mont-Rolland, dans la région de Thiès, fut créée en 1893 et doit son nom au collège jésuite de ce nom situé à Dole (Jura).
La cathédrale du souvenir africain, à Dakar, a été inaugurée en 1929. Allez-y le dimanche pour assister à la messe chantée.
Chaque année, à la Pentecôte, a lieu le pélerinage de Popenguine, où des milliers de jeunes marchent vers la basilique et le sanctuaire.
Religions traditionnelles
Religions traditionnelles
Les animistes ont en commun, pour la plupart, un ensemble de croyances et de pratiques tant religieuses que culturelles. La croyance en un Dieu unique, créateur et maître du monde est partagée par tous. Cette divinité est assistée par un messager et par les esprits des ancêtres. Il existe des endroits réservés aux cultes, ceux des hommes étant séparés de ceux des femmes. On y pratique des libations. Des rites agraires, accompagnés de musique et de danse, ont lieu à la fin des récoltes.
Les défunts connaissent une vie éternelle avec l’existence d’un paradis et d’un enfer. Les morts sont inhumés sous le toit de leur case, lequel est ensuite recouvert de sable, donnant ainsi naissance à de petits tumulus. La société considère que certains défunts peuvent provoquer des sécheresses. Lorsque leur responsabilité est découverte, elle les invoquent et, s’ils persistent, les exhume puis en disperse les restes.
Le champ constitue un lieu sacré et pour exploiter la terre il faut tenir compte de ses détenteurs invisibles (les ancêtres et les esprits) et user de tout un rituel tant pour procéder aux semailles qu’aux récoltes. A Touba Toul se perpétue la tradition du « fil » qui vise à conjurer les mauvais sorts, les calamités naturelles, les épidémies et à appeler la fertilité et la prospérité. C’est durant cette fête qu’on détermine la date de l’ensemencement du mil.
Croyances et pratiques
Les Sérères croient en l’existence de sorciers « reteneurs d’eau » et, avant que la religion musulmane ne soit adoptée, on faisait appel à des spécialistes capable de découvrir le responsable du retard des pluies. Chez les Wolof et les Lébous, quand la pluie tarde à venir, le « Bawnane » rassemble la population et une procession d’officiants, pour invoquer les dieux et jeter à la mer des offrandes de mil, de mais et de lait caillé. Chez les mandingues, le « Kankouran », protecteur des circoncis, veille sur les arbres fruitiers : en attachant des fibres de son costume aux arbres, il entend interdire à quiconque d’y nuire.
Les pêcheurs disposent d’objets protecteurs pour se préserver des naufrages et des dérives et pour s’assurer des pêches fructueuses. Une embarcation correctement pourvue de « gri-gri » ne coulera pas et des filets munis de pareils éléments ramèneront des flots des prises abondantes. A Kayar, on rendait un culte au génie de l’eau. Les Lébous pratiquent encore des libations annuelles et les Sérères considèrent que par des incantations, il est possible de s’attirer de bonnes pêches.