Amadou Dia Bâ : plus vite, plus haut, plus fort…

Unique médaillé olympique sénégalais à Séoul’88 et quadruple champion d’Afrique, El Hadji Amadou Dia Bâ, actuel directeur du Centre régional de développement de l’athlétisme de la Fédération internationale (IAAF), est un pilier du panthéon sportif africain. A 49 ans, il continue d’apporter son expertise au rayonnement de l’athlétisme...

Publié le 17 avril 2007  

Un long parcours sportif l’a mené du saut en hauteur aux courses de haies. Après avoir été champion et recordman du saut en hauteur dans son pays natal qu’est le Sénégal, il partait en France pour y suivre une formation en sport et études en 1979. Blessé au genou, il se tourna vers les courses de haies. Un choix qui lui réussit fort. « J’ai débuté en France avec mon entraîneur Fernand Urtebise, c’est de là que je suis devenu recordman et 6 fois champion d’Afrique sur le 400m haies sans compter les championnats de France et d’Europe par club que j’avais remportés à plusieurs reprises ». Une consécration qui résulte de 8 années de parcours de haut niveau.

« J’avais l’habitude des grands rendez-vous avant les jeux olympiques d’été de Séoul. Je faisais partie des 5 meilleurs du monde et on se retrouvait souvent dans les meetings. Donc, ça diminuait la pression. Avec mon entraîneur, les améliorations étaient significatives grâce aux finales que je disputais souvent comme les championnats du monde ou encore à Los Angeles. J’étais serein et conscient qu’une fois en finale tout pouvait se passer » admet El hadj. Avec 8 champions sur une finale du 400m haies, tous les prétendants pouvaient rêver de monter sur le podium. Avant le top chrono final, Amadou Dia Bâ avait devancé le grand favori Edwin Moses, invaincu depuis 10 ans à l’épreuve du 400m haies, et ne visait plus que l’or. Le robuste américain André Philip le devança malheureusement de quelques centimètres et finissait médaillé d’or avec un chronode 47s 19 devant Amadou Dia Bâ, 47s 23.

A 3 jours de la finale qui allait le sacrer médaillé olympique à Séoul, Amadou Dia Bâ venait de célébrer son anniversaire le 22 septembre avec la délégation sénégalaise. Sa victoire avait été reçue avec beaucoup de satisfaction et le Sénégal entier célébrait ce triomphe. Dia Bâ s’en souvient toujours : « j’ai reçu pas mal de soutien du peuple sénégalais après ma médaille, c’étaient des moments très forts » se remémore encore le médaillé olympique sénégalais. Après les jeux olympiques de 1988, El hadji arrêta sa carrière en 1992. Un an plus tard, il se rendait en Arabie Saoudite avec pour mission de développer leur 400m (plat et haies). Champion sur piste, il le demeure en dehors ! Il réussit à former d’autres champions mondiaux comme Hadi Souan Somalyi, vice champion olympique à Sydney 2000, Hamedane Albishi, champion du monde junior, sans compter d’autres qui ont considérablement progressé.

Ces performances ont poussé le président Lamine Diack à le faire revenir au Sénégal pour le nommer au poste de directeur adjoint du Centre régional de développement de l’athlétisme. « Ce que tu fais pour l’Arabie Saoudite, tu peux bien le faire pour ton pays et tu en seras davantage glorifié » lui lança-t-il. Il se fixe alors pour objectif de hisser l’athlétisme à un niveau supérieur avec les athlètes du centre international de Dakar (CIAD). Il met son expertise à la disposition des athlètes comme Gnima Faye, médaillée de bronze aux 15 èmes championnats d’Afrique à l’Ile Maurice. Amadou Dia Bâ est aussi responsable de l’association des olympiens, qui mène beaucoup d’actions pour le développement de l’olympisme au Sénégal.

« L’athlétisme se développe maintenant avec les Golden Leagues. Des athlètes peuvent gagner jusqu’à 1 million de dollars ; cela se professionnalise de plus en plus. Au Sénégal, à part Amy Mbacké Thiam, Fatou Binetou Fall et Kène Ndoye, on n’a pas eu beaucoup de choses. L’athlétisme sénégalais est un peu en recul. On s’essouffle ! Il faut revoir tout ceci pour voir comment faire pour que l’athlétisme sénégalais puisse rayon ner encore sur la scène mondiale. Il faudrait trouver davantage de motivation, surtout pour les entraîneurs et les athlètes. Il faut également encourager les élites. »

« On a des jeunes pleins de volonté mais c’est toujours difficile en l’absence de moyens. Un jeune qui habite très loin, qui marche pour venir aux entraînements et qui ne mange pas très bien deviendra difficilement un athlète d’exception, quelle que soit l’expertise qu’on peut lui apporter. Il faudrait que nous mettions tout en œuvre pour retrouver des athlètes de bas âge et les motiver afin de les rendre performant. A Dakar, il n’y a pas de politique de haut niveau. Mais cela ne nous empêche pas de rêver d’avoir des champions un jour. En réalité, un champion coûte cher ; donc, il faut tout un suivi. Dans les autres pays, ils mettent les athlètes dans de bonnes conditions de performance.

Alex Gaye

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