Rappelez-nous votre parcours sportif.
J’ai débuté ma carrière très jeune. A l’âge de 10-11 ans, j’ai fait le critérium du mini-basket. A 13 ans, j’étais internationale et j’ai fait les jeux panafricains en décrochant ma première médaillée d’or avec le Sénégal. J’ai gravi tous les échelons avant de finir ma carrière en 1989. J’ai aussi participé aux championnats d’Afrique, aux jeux africains, aux championnats du monde de 1974 à 1984. Pendant cette période, je faisais partie des cinq majeurs africains. Je suis allée en France pour continuer mes études et j’ai joué en même temps comme professionnelle pendant 10 ans et capitaine de l’équipe nationale. A mon retour, j’ai intégré l’Ascc Bopp. A la fin de ma carrière, j’ai entraîné le club avant de devenir la présidente. A part cela, je suis membre du bureau fédéral depuis 15 ans et ça fait 5- 6 ans que je suis vice-présidente. Je suis membre de Fiba monde où je suis la seule sénégalaise et vice-présidente de Fiba Afrique, chargée de la commission femme-jeune et sport.
A l’époque, quel était engouement pour le basket ?
Un engouement très populaire. Même nous, nous ne mesurions pas cette ampleur, et la joie qu’on apportait au peuple sénégalais. On n’a jamais perdu de championnat l’Afrique. On faisait le basket à bas âge, on a grandi ensemble. C’était un plus par rapport aux jeunes d’aujourd’hui qui brûlent les étapes. Maintenant, l’argent est un facteur déterminant dans le sport alors que pour nous porter le maillot national c’était comme aller au front. J’ai fait le tour du monde pour défendre ma nation et je ne gagnais pas le moindre sou. Je travaille pour l’Etat du Sénégal parce que je dirige Bopp qui a pu faire les beaux jours du basket. De 1974 à 1989, elle a été l’ossature de l’équipe nationale féminine : 8 joueuses sur 12 de l’équipe nationale étaient issues de Bopp.
Aujourd’hui, on sent le recul du basket féminin comparé à votre époque...
(Elle coupe) Je suis désolée, si j’entends des gens parler de recul, je dis qu’ils ne connaissent pas le basket, ce sont des amateurs. Ce qu’il y a, c’est que des gens ont brûlé des étapes. A l’école, l’enfant commence par le cours élémentaire et du jour au lendemain tu ne peux faire le cours moyen sans passer par les autres classes. Aujourd’hui, on ne respecte plus les étapes. Il faudrait retourner à la formation à partir de la base pour espérer avoir les mêmes résultats que nous. Le Sénégal n’a jamais perdu de championnat d’Afrique à Dakar, on se classe en deuxième place africaine, vous crachez dessus. Ce n’est pas possible. Certes les gens sont habitués à la première place mais le basket n’a pas reculé. Au classement mondial Fiba, nous sommes 15èmes. Il y a par contre un manque d’infrastructures. Avant, les basketteuses croyaient en ce qu’elle faisait ; maintenant les gens n’ont d’yeux que pour l’argent. Tu fais 2m05, tu penses que tu peux gagner des sous mais tu n’as pas la base pour bien jouer.
Vous êtes aussi à la tête de l’amicale des internationales et anciennes lionnes du basket au Sénégal, quel est le rôle de cette association ?
C’est une association de solidarité et d’entraide. On a vu que nous avions tout donné à notre nation, et il n’y a pas eu de « feedback ». C’est pourquoi on a décidé de nous entraider. Certaines ne travaillent pas et sont dans la galère. L’association participe aussi au développement du basket. Elle existe depuis 1993 et nous avons plusieurs activités. On s’entraine et on joue au basket jusqu’à présent. On a participé cette année à un tournoi avec les anciennes basketteuses des pays d’Afrique et nous avons gagné.
Votre dernier mot ?
Que les autorités regardent dans le rétroviseur et aident les anciennes basketteuses. Ce sont des gens qui ont tout sacrifié pour le rayonnement du basket sénégalais. Ce sont des mères de famille qui gardent leur dignité, elles n’iront pas quémander. Il faudrait qu’on regarde un peu leur statut et c’est un appel que je lance au président de la république pour revaloriser les anciennes gloires.
Omar Diop alias « Willy » trouvé à son bureau lors de l’entretien avec le chef d’agence de la Lonase Cheikh Anta Diop, il nous parle de son élève.
Coach qu’est ce que vous retenez encore d’Aya ?
Comme toutes les filles que j’ai formé, Aya est un peu spéciale. A son retour de France, elle a suivi cette équipe de Bopp quand elle était en difficulté jusqu’à ce qu’elle soit en haut. Malgré le budget alloué, elle met toujours ses propres moyens. En plus, elle fait beaucoup de choses qui peuvent aider le basket ball sénégalais sur le plan international. Elle est sympa, sincère et honnête.Quel genre de joueuse était-elle dans votre dispositif ?
Dès sa formation, elle avait toute la technique requise. En quelle sorte c’était un don qu’elle avait. Son savoir-faire lui est venu du ciel. Toutes nos filles ont été élues « reines » du basket, mais elle non. Je la surnommais la lionne des lionnes car, elle a eu plus de distinctions que les autres filles sur le plan international. Elle était polyvalente, tantôt elle pouvait jouer au poste play-maker, tantot ailière ou pivot. Elle était vraiment à l’aise sur n’importe quelle poste. Elle a fait ses beaux jours. C’était aussi l’une des meilleures défenseuses en équipe national comme en club.Avez vous des regrets de la voir en retrait du parquet ?
Si. A présent, si on regarde le basket Sénégalais, il y a pas une fille qui lui ressemble. Comme tant d’autres par exemple Kadia Diagne Sow de l’Asfo, etc. Vraiment ce que nos filles avaient, les joueuses actuelles ne l’ont pas. c’est dû à la formation ? à la préparation ?. Tout ce que ces filles avaient comme envie de jouer, c’est ce qui manque à ce basket ball. Elle est toujours dirigeante mais tu vois qu’elle est aussi imposante, elle a un bon cœur. C’est son caractère.
23 octobre 2008 à 13:13
c’est un bon joueur
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