le221 : Quelle appréciation faites vous de la musique africaine contemporaine en général ?
B.M. : Depuis, Franco, Orchesta Baobab, Kassav’, Fela, Je ne trouve malheureusement pas la relève très bien assurée… ! Il faut que les jeunes artistes apprennent à chanter. Aujourd’hui, on fabrique plus des artistes qu’autre chose. On les façonne de toute pièces et on leur fait faire de la musique commerciale. Mais la plupart du temps ce sont des voies arrangées en studio. Donc sur scène ce sont des artistes aux compétences vraiment moindres.
le221 : Comment expliquez-vous que pour percer en France un groupe comme Magic System doive chanter « Bouger Bouger » ou Amadou et Mariam chanter avec Manu Chao… ?
B.M. : Les pays européens et surtout la France aiment les sonorités africaines quand elles servent à faire la fête le samedi après midi. Pour qu’un morceau World music marche en France il faut qu’il soit festif ou qu’il soit fait en association avec un grand de la musique française. Magic System a fait un featuring avec Mohamed Lamine sur « Rai n’ B Fever », avec Leslie. Ce sont des singles qui ont cartonné mais qui ne correspondent pas à la musique ivoirienne. Malheureusement en terme de médiatisation ce ne sont que ces morceaux là qui marchent.
le221 : Quel jugement portez-vous sur la piraterie ?
B.M. : Il reste quelques baroudeurs mais d’une manière générale, en Afrique la plupart des bonnes volonté ayant voulu investir dans la musique se sont découragés à cause de la piraterie. Les ministères de la Culture ne font pas de la lutte contre la piraterie une priorité. Seul les BSDA tentent tant bien que mal, avec très peu de moyens de combattre ce fléau. Il faut que les africains apprennent à acheter des CD originaux. Il faut donc que les distributeurs fixent des prix raisonnables. Pour moi un CD devrait se vendre environ 5000 FCFA, histoire de ne pas bazarder le travail de l’équipe musicale et technique.
De Gao à Star Parade...
C’est au Mali, dans la ville de Gao que ce poisson ascendant balance, sensible et prévenant à vu le jour. Il grandit au Niger entre ses parents, tous les deux d’ethnie sonraï et suivra après un parcours primaire et secondaire sans vagues, une formation de comptable. Déjà il s’interesse à la musique mais en dilettante.
Quelques années plus tard Boncana jeune adulte obtient avec une dizaine de musiciens maliens une bourse pour apprendre la musique. Nous sommes en 1964 et tous les gouvernements socialistes ont des liens très forts avec Cuba. C’est donc à La Havane de 1964 à 1973 que Boncana Maiga suit une formation tout ce qu’il y a de classique : solfège, flûte, guitare… il acquiert donc des bases solides en matière de musique et s’envole en 1974 pour la Côte d’ivoire. Pendant 14 ans il dirige l’Orchestre national de la télévision ivoirienne, qu ‘il à lui même mis sur pied. Parallèlement il enseigne la musique au Conservatoire National. En 1988, l’envie d’autres sensations pointe le bout de son nez. Boncana s’envole pour Paris et se lance dans l’arrangement acoustique à tout va… Il travaillera pendant 10 ans avec les plus grands. Alpha Blondy, Aicha Koné, Ray Lema, Africando. Puis arrive la fusion Star Parade. Avec Ass Diop et Annie Million, le défi à relever est le suivant : Faire le tour des musiques d’Afrique sans favoritisme…
En 2001 ses deux acolytes partis vers d’autres sommets, Boncana se retrouve seul à la présentation de l’émission. Le musicien face aux musiciens… Le concept plaît et lorsque CFI TV ferme… « Star Parade » est la seule émission que rachète TV5. Aujourd’hui « Star Parade » est diffusé sur tout le réseau TV5 et compte des millions d’adeptes à travers le monde.