Interview au milieu des herbes avec un talent en herbe…

le221 : Comment êtes vous devenu styliste ?

ELSA Bouba Design : Après mon Bac C, je devais aller étudier en Europe, mais mes parents n’étaient pas disposés à payer ce voyage d’études. J’arrêtai tout. Peu de temps après, une dame nommée Amina me contacta et me demanda de l’aider à faire des touches sur ses créations car j’avais un don en matière de dessin. Un beau jour, je tombai sur une émission télévisée de CFI TV dans laquelle une structure faisait de la peinture sur tissu, sous verre, sur bois…J’étais excité, je pris leurs contacts. Ensuite, je leur envoyai de l’argent et ils me livrèrent la peinture. C’est ainsi que j’ai commencé l’application sur des pantalons jeans, des hauts…Je pris mon destin en main en me payant une machine à coudre. Je fis mes propres créations, mes coupes et toute la chaîne nécessaire. Aujourd’hui, j’ai créé aussi une école de formation pour apprendre aux jeunes cet art.

Le 221 : Que signifie ELSA Bouba Design ?

E B D : Elégance Ligne Sénégal montrer ma fierté d’être sénégalais, africain, Bouba c’est mon prénom et Design par rapport à mes créations…

Le 221 : Ton statut d’autodidacte, te porte t-il préjudice ?

E B D : Oui ! En quelque sorte, car sur le plan international, c’est à travers le document qu’on reconnaît d’abord le styliste et j’ai même manqué quelques rendez-vous en Europe parce que je n’avais pas le document qualificatif de mon statut de styliste. Ensuite, j’ai tout fait pour me mettre en règle. Mais par ailleurs, je trouve cela absurde car ce n’est pas le diplôme qui fait forcément le styliste. L’inspiration et le savoir faire sont souvent un don naturel ?

Le 221 : Vous arrive t-il de copier les créations d’autrui ?

E B D : Jamais ! C’est plutôt l’inverse qui se produit. J’ai toujours créé et c’est ce qui valorise mes produits et je peux vous dire que j’ai déjà impressionné de grands stylistes en Europe avec mes jeans et mes propres créations…

Le 221 : Quels sont les problèmes du métier liés aux matières que vous utilisez ?

E B D : On nous vend le tissu très cher ici, alors qu’au Mali, ils le trouvent à bon prix. La peinture qu’on utilise aussi n’existe pas chez nous ; il nous vient d’Europe à des coûts élevés. Par ailleurs je vois des copieurs qui utilisent la peinture destinée aux bâtiments… (Rires) Moi je suis l’un des touts premiers à commencer cette technique depuis 1996, mais maintenant, on voit du tout…

Le 221 : Qu’est ce qui vous inspire ?

E B D : Je me dis que l’art, ce n’est pas copier les éléments de la nature, mais c’est de créer une confrontation entre le réel et l’imaginaire. Mon inspiration repose aussi sur les figures géométriques ; cela provient de mon côté scientifique (Rires)…

Le 221 : Qui s’habille chez ELSA ? Les goorgoorlus comme nous ou les célébrités ?

E B D : Aussi bien les goorgoorlus, comme vous le dites, que les célébrités. Il y en a pour toutes les bourses.

Le 221 : Votre dernier mot ?

E B D : J’invite les jeunes qui veulent apprendre le métier à venir s’inscrire à mon école de formation. Je voudrai aussi dire qu’il y a de la matière au Sénégal, de la créativité. C’est seulement les moyens qui font défaut. Il faut que les structures bancaires et le pouvoir public allègent la tache aux créateurs afin que nous puissions rivaliser avec les géants du monde.

Les défilés auxquels il a participé :

• Juillet 2005 : Palais des Congrès de Paris.

• Du 29 oct. au 6 nov. 2005 : Foire de Monza (Italie)

• Juillet 2006 : Défilé au Luxembourg