Aujourd’hui, les premiers formés constituent l’équipe des Requins qui a intégré la division 1 du championnat national depuis l’année dernière. De retour de stage de la Rochelle (France), Kébé a mis en place cette école : « pour récupérer par le biais du sport les gosses des quartiers Ben Tally, Sicap et Grand Dakar en vue de lutter contre la délinquance, l’oisiveté et la drogue. Ils sont répartis en différentes catégories : poussins, minimes, benjamins, cadets. »
En dehors du cadre d’animation offert par la fédération, l’école vit du bénévolat de ses dirigeants. « Je ne demande rien aux gosses pour venir faire du rugby. A part les moyens octroyés de temps en temps par la fédération, nous recevons des gestes de la part de mécènes. » souligne Birahim.
Les entraînements se déroulent deux fois par semaine. L’atelier du dimanche débute à 9h avec les plus petits. Sous les directives de Pape Mor Sy et du fondateur de l’école, l’animation technique commence : passe, plaquage, comment aller en profondeur, comment courir... Ensuite, une partie permet de mesurer l’assimilation des techniques avant l’occupation du terrain par la catégorie suivante.
Après plus de 15 ans de parcours, Birahim Kébé se dit satisfait des poulains qu’il a formés : « c’est une merveille de voir ces gosses de 10 à 13 ans jouer hormis les meilleurs joueurs du championnat sociétaire d’autres clubs et qui ont été formés à notre école. Il faut travailler à la base pour avoir des acquis et cela a été une chance pour moi de l’avoir compris très tôt. »
Portrait : Ousmane Soumah, le petit génie du jeu souple
Il y a au moins trois gosses qui constituent les perles rares de ces crapauds et c’est un régal de les voir jouer. Ce qui leur a valu d’être primé plusieurs fois meilleurs joueurs sur le plan technique, tactique, vision et intelligence du jeu lors des tournois de la petite catégorie. « Je prends le cas d’Ousmane Soumah. Quand tu le vois jouer, c’est un véritable plaisir. A son âge (13 ans, demi de mêlée), il a un niveau 3. Il joue mieux que certains rugbymen de la première division. Par ses prestations, il peut jouer au championnat national mais vu son âge il ne peut pas encore. C’est pareil aussi pour Vieux Sy comme pour nombre d’autres enfants des écoles de Pikine, Guédiawaye... Même les étrangers sont émerveillés de les voir jouer et nous demandent souvent où est ce qu’ils ont appris le rugby.
Cela me réconforte de leur apprendre les bases saines du jeu » confie Birahim Kébé avant de poursuivre : « Mon credo, c’est que le rugby se joue à la main. Tamponner, aller à l’impact, ce n’est pas mon concept. Les mouvements, les passes, exploiter les intervalles, la suppléance et la polyvalence, c’est plutôt cela qu’on essaie d’inculquer à ces espoirs et ça porte ses fruits. Vu notre physionomie (longiligne, rapide et véloce), ça ne sert à rien d’aller à l’impact, il faut bouger en avançant dans les intervalles. On apprend aux gosses à jouer au rugby à 7. »