Les chameaux de la haine ou chronique d’un vertige

Les Chameaux de la haine relatent les premières semaines
de la tragédie qui a ensanglanté les deux rives du fleuve Sénégal, en
1989, et en restitue le climat. Ouvrage de Safi Bâ, Ceux du sable Editions.

Publié le 25 janvier 2011   3 commentaires

Centrés sur de brefs portraits de
personnages, les récits qui les composent sont à l’image des
périodes sombres de la vie des humains, mêlant intimement le tragique au
burlesque, l’angoisse à la farce. Ils parlent de la difficulté de
communiquer, de la violence aveugle ou consciente, de la peur et de la
haine, des rêves et des espoirs des victimes.
Mais surtout, ils sont une condamnation de l’arbitraire et de
l’instrumentalisation ethnique, et un appel à la tolérance, au respect
des différences, à la fraternité.

Safi Bâ est née en Mauritanie, à Bababé plus exactement, petit village
brûlé par le soleil. Des événements liés à la politique de son pays
la pousseront dans un premier temps derrière la rive du fleuve, au
Sénégal, dans un deuxième temps, derrière la mer, en France. Bien loin
de son sable et de son village, Safi se souvient et raconte les jours gris,
les souvenirs bleus. Aujourd’hui Safi Bâ travaille à France 2, hôtesse
de la langue française, son écriture gardera à jamais l’accent de sa
langue natale, « Le pulaar ».


Ceux du sable Editions
144 pages - 10 euros
Publication : janvier 2011
http://www.ceuxdusable.com - ceuxdusable yahoo.fr

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  • Sénégal

    Bonjour je suis vraiment content de cet œuvre qui est vraiment Essentiel surtout dans notre société

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  • Sénégal

    "D’AMOUR ET DE POESIE

    Qu’est ce qui nous reste quand tout est foutu ; que les ravages de la bêtise humaine ont démoli les repères et défiguré la réalité ? La littérature pardi ! Rien de mieux que les mots pour supporter l’insupportable, rien de mieux que la poésie pour rafraîchir notre âme et nous préserver de la déshumanisation qui nous guette.

    L’époque riche en pulsions guerrières et en idéologies nocives est une source inépuisable de cauchemars et de tourments. Par chance, certains d’entre nous résistent, ouvrent leurs cœurs et élèvent leur frêle voix pour repousser la tentation de la rancœur et du dessèchement. Safi Bâ est de ceux- là. Cette négro- mauritanienne exilée en France prend prétexte du drame subi par les siens en 1989 pour nous livrer un joli petit plaidoyer pour un retour à ce que nous avons de meilleur : l’altruisme sans lequel la paix sera impossible aussi bien dans nos cœurs que dans les rues de notre planétaire village. Elle aurait pu s’inspirer du Rwanda ou de la Somalie, de la Côte d’Ivoire ou de l’Afghanistan voire de cette pauvre Libye qui de Syrte à Benghazi, se déchire sous nos yeux. Elle a préféré nous parler de la terre qui l’a vue naître, celle qu’elle connaît le mieux mais c’est tout de suite pour nous rappeler notre humaine condition soumise en n’importe quel coin de la terre aux aléas du mépris, du dictat et de la discrimination.

    Son livre, Les Chameaux de la haine, est très originalement construit. Le recueil de poésie s’y juxtapose au roman, le récit y côtoie la fable. Mais c’est une architecture fluide où les mots toujours simples et imagés s’écoulent par les interstices sans jamais perdre leur musique et leur saveur.

    Nous sommes au lendemain de l’apocalypse. Les apôtres de l’exclusion on fini leurs prêches, les manieurs de machettes, leurs basse œuvres. Ils ont gagné, les salauds : les frontières passent au milieu des concessions, l’inimitié est sur tous les visages, les familles ont éclaté, le monde s’est disloqué.

    Un seul endroit a gardé son sens après ce grand chambardement : la gare routière, cette belle métaphore de la croisée des destins. C’est là que l’écrivain ou plutôt l’écrivaine a décidé de se camoufler pour épier les faits et gestes d’une espèce humaine en désarroi.

    Voici Koddou s’enfuyant vers la « maison du monde » (entendez les Nations Unies) pour échapper à ses poursuivants qui viennent de la décréter sénégalaise, c’est- à- dire venue de l’autre bout du monde, lointaine, étrangère, absolument infréquentable. Voici Madame Ba, la belle bourgeoise qui au milieu de la foule en détresse ne songe qu’à ses robes et à se bijoux. Voici Néné Dyamiamo encombrée du cadavre de son mari au milieu d’une ambulance surchargée de passagers clandestins…Voici le pathétique club des intellectuels, philosophes dérisoires perdus dans leurs discussions oiseuses autour de Voltaire et de Malcom X , incapables de comprendre ce qui se passe autour d’eux.

    En quelques tableaux bien peints, Safi Bâ nous laisse entrevoir une multitude de personnages : des visages furtifs, des petits bouts de vie, des êtres comme vous et moi ayant gardé leurs tics et leurs petites manières jusqu’au milieu de l’enfer.

    Dans ce monde où tout dégringole sauf la misogynie de l’ordre social, on retient la voix de la griotte Astel Bana (peut- être un double de l’auteur), « une des rares à peindre avec des mots une œuvre d’art parfaite. »

    Tierno Monénembo

    Les Chameaux de la haine de Safi Bâ, éditions Ceux du Sable, Sauveterre de Rouergue."

    *ce commentaire a été écrit, début mars pour des journaux en Guinée, au Mali et au Sénégal...

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  • Sénégal

    Voilà des pages très captivantes de personnages singuliers dans un décor vécu, bien perçu et décrit avec une forte précision et un souci permanent du détail. Ce vouloir partager, cette singularité du paysage, de l’avoir et de l’être des protagonistes emprisonne le lecteur.
    C’est cette précision du détail qui fait chercher en vain, le long des pages, le motif immédiat, l’élément déclencheur (comme la mort de l’étudiant à Sarajevo qui déclencha la 2e).
    Ces pages constituent un ensemble très riche en opposition, (les CHAMEAUX DE LA HAINE) renvoient à l’absence d’occurrences du mot chameaux à travers les pages, nous avons donc une présence signifiant en fait l’absence. J’arrête ici les contrastes pour ne pas sembler poursuivre l’esprit car comme le reprend Samba, « quand on court après l’esprit, on attrape la sottise ».
    On oublie difficilement « l’étoile » de madame Ba, la sévérité de Baaba Gallé et le calvaire de Neené Diamyamo, dans une certaine symétrie avec Doro et Poudre d’or. Ces images très forte ne réussissent pourtant pas à effacer cette image du tiawel kelly , « corps menu et sec ».Il y a là une grande liberté d’expression témoin de la liberté tout court dont il est question.

    Pour le reste la sous région est témoin de ce déplacement des pulaar qui est très différent des sarakholés ou des bambara du Mali.
    Au-delà de tout, il faut constater qu’à des milliers de kilomètres, nous expliquons des phénomènes naturels de la même manière ; chez nous également, la foudre s’éteint avec du lait.
    Nous connaissons aussi le cas de la fonction publique pléthorique, (des secrétaires apportant leur matelas au bureau).

    Merci pour cette peinture très vivante.

    Magassa Sékou

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