C’est par le biais du théâtre au lycée et par les mouvements associatifs que les Frères Guissés découvrent leur passion pour la musique et notamment la chanson. En 1981, l’occasion se présente et Djiby saute dessus, il intègre le groupe Jiw Bagne (semence du refus) comme chanteur, ce groupe au style musical Afro, était essentiellement composé de lycéens, et engagé politiquement contre le pouvoir en place de l’époque. Deux ans plus tard, le groupe s’assagie est change de nom, devient le groupe Jamm (paix).
Cheikh rejoint le groupe comme choriste et Alioune comme percussionniste. Ils vont découvrir l’univers des clubs de jazz et la variété musicale. En 1988, Djiby et Cheikh Guissé intègrent le groupe Oasis de Dieupeul, après un bref passage au Xalima pour Djiby. « C’est toute cette période qui nous a permis de découvrir différentes facettes de la musique et de nous initier aux instruments, c’était important pour nous de pouvoir jouer…, d’autant plus j’écrivais mes textes, de même que Cheikh, et nous nous sommes lancé dans l’apprentissage de la guitare… » En 1991, Djiby et Cheikh commencent à répéter, tout en ce produisant dans des petits clubs de Dakar. Chacun avec une guitare, ils vont se mettre au travail, en recherchant un genre musical original et plus exportable. Les publiques du Sunrise, du Moyoti (actuel Melissa), du Keur Samba, Mamiflore vont servir de cobayes.
En 1993, Alioune Guissé rejoint ces frangins et ce jette lui aussi dans l’aventure. C’est parti pour les Frères Guissé ! 1995, ils sortent la cassette « Fama », l’album va connaître un très grand succès. La chanson Fama plus particulièrement est reprise en chœur dans tous les foyers et quartiers de Dakar.
1998, leur deuxième cassette « Ciré » connaît le même engouement. Comme on dit « jamais deux sans trois… ». Ce sera du pareil au même deux ans plus tard pour la troisième cassette « N’déye ». Tout ceci n’est que la récolte du travail. Les Frères Guissé ont su utiliser le don que leur a légué le riche patrimoine culturel et folklorique peulh. Ils vont réussir à imposer une nouvelle vision de la musique acoustique, avec plus d’ouverture, ce qui veut dire plus exportable, tout en gardant l’accent sur cette douceur mélodique qui met en harmonie les Frères Guissés et leur publique.
Aujourd’hui, à quelques jours de leur dixième anniversaire, vous leur demandez un bilan, ils vous répondent : « nous avons parcouru le monde, tous les continents sauf l’Australie. Nous avons porté notre musique un peu partout, même si c’est toujours difficile d’être longtemps éloigné de chez nous, mais c’est très important pour nous d’aller à la découverte d’autre culture et de leur présenter aussi la richesse culturelle du Sénégal et même de l’Afrique. Nous sommes des ambassadeurs culturels… », affirme Djiby, avant qu’Alioune n’ajoute « regardez, il y a deux ans et demi nous avons sorti en Hollande un album afro jazz « FUUTA » avec Paul Van Kemenad qui est un grand jazzmen hollandais. J’ai fait aussi des albums avec Jojo, Richard Bona et Steven Getz et toutes ses rencontres ne sont pas venues nous trouver devant notre porte, c’est important de tourner mais ce qui nous aurait plus fait plaisir c’est de faire des tournées dans les régions du Sénégal. Je ne conçois pas qu’il soit excessivement difficile d’organiser des tournées au pays. Nous avons tenté l’aventure, c’est difficile, comme c’est difficile même de vivre de la musique. Il faut que l’état fasse une reforme de la culture je ne sais pas mais en dehors de nos tournées nous ne sommes rien du tout, c’est difficile de ce produire dans les lieux de spectacle qui se plaignent eux de l’élévation des taxes… »
Aujourd’hui, c’est plus que de la maturité que les Frères Guissé ont gagné, c’est une reconnaissance nationale, internationale avec plusieurs participations des plus grands festivals mondiaux et notamment avec les différents prix et nominations dont le Prix Miroir de l’Espace Francophone et de l’Afrique en Création, pour ne citer que ceux là. Ils sont également à l’origine du festival Sénégal folk qui s’est tenu au théâtre de l’Institut français L. S. Senghor au mois de novembre dernier. Ils vont mettre sur le marché une cassette fin décembre et un CD international « Ciré » début janvier.
Formation
- Guitare chant : Djiby Guissé
- Guitare chant : Cheikh Guissé
- Percussion-chant : Alioune Guissé
Discographie
- 1995 : Fama
- 1998 : Ciré
- 2000 : N’deye
- 2003 : Fuuta (Cd sorti uniquement en Hollande)