Les mains du Sahel

Alors que le processus créateur est une expérience envisagée comme une expression d’idées individuelles, de valeurs personnelles, de techniques personnalisées, bref un acte solitaire, Dado, une jeune thièssoise regorgeant d’énergie, estime que la mise en commun du travail est beaucoup plus bénéfique. Elle a mis en place une association dénommée « Les Mains du Sahel » qui regroupe des artistes plasticiens, des musiciens, des écrivains, des mannequins et toutes sortes de talents confirmés. Au nom d’une vision commune de l’Art, voila sans nul doute sa manière à elle de démontrer que seule « l’union fait la force »…

Publié le 13 novembre 2006  

Petite de taille mais grande par ses idées et par ses ambitions, le voeu de Dado a été de rassembler les artistes de Thiès au sein d’une seule association et créer une structure qui puisse les accompagner, les manager, faire leur promotion et les soutenir activement dans toutes leurs initiatives. Elle a donc mis sur pied l’association « Les Mains du Sahel » qui traduit une philosophie oecuménique, une synergie, un espace d’échanges d’idées et un cadre de rencontre de talents et de cultures diverses. L’association accompagne des artistes aux domaines d’activités variés, parmi lesquels Ben Bopp, « une seule tête » en français, une seule philosophie qui est celle de la solidarité et du partage. Ben Bopp est composé de trois artistes plasticiens et un musicien (Abu, Koya, Pap et Jeng Sala) et compte à son actif une quinzaine d’expositions plus une tournée nationale avec le PSIC en 2001.
Ses membres excellent dans l’art des triptyques, des figures géométriques et autres représentations ayant trait à la société.
Selon l’un des membres de Sikki Sakka, groupe de rap aussi encadré par les Mains du Sahel, « cette association travaille pour les jeunes, pour le Sénégal, pour l’Afrique. Thiès souffrait de cela auparavant car manquant de structures de ce genre pour propulser l’art. »

Avec Dado, l’engagement a véritablement trouvé un nom… Interview avec cette femme d’exception.

Le221 : Comment est née l’association « Les Mains du Sahel » ?
Dado : J’ai eu le coup de baguette de Mère Thérésa. J’ai toujours été sensible à l’enfance démunie, maltraitée. Il faut venir en aide aux enfants. Les mains du Sahel s’occupent du management des artistes. C’est une structure qui a été créée pour redynamiser l’art au niveau de la région de Thiès. Elle a pour objectif aussi de drainer avec ces acteurs culturels un programme bien défini pour le développement harmonieux des enfants du silence que l’on peut définir comme l’enfance en difficulté : les victimes du SIDA, les talibés, … Les artistes des Mains du Sahel sont autant engagés que moi.

Le221 : Vous paraissez tous très engagés effectivement mais votre association, n’est elle tout simplement pas un prétexte pour s’en mettre plein les poches ?
Dado : Ma conception propre est que l’œuvre d’art n’est pas commerciale. Les artistes des Mains du Sahel ne sont pas nécessiteux et ne courent pas derrière l’argent. Une réalité est là : quiconque travaille a besoin par la même occasion de bénéficier du fruit de ses efforts. Je ne dirai par exemple jamais qu’un banquier n’en a que pour l’argent car je comprends que c’est son métier. Pourquoi les artistes ne se targuent-ils donc pas d’avoir un métier aussi noble que les autres et de gagner honnêtement leur vie ? Mais, la priorité d’un artiste demeure sa créativité…

Le221 : Pourquoi l’appellation les Mains du Sahel ?
Dado : J’ai choisi ce nom parce que ce sont toutes les mains qui sont dedans. C’est une grande porte d’ouverture. Toute personne qui veut travailler pour le Sénégal, pour l’Afrique de demain et surtout pour la petite enfance peut se considérer comme membre des Mains du Sahel qui représentent plusieurs mains brodant une ambition commune pour une Afrique meilleure…

Le221 : Quelles sont vos activités ?
Dado : Comme principales activités cette année, il y’a eu les enfants du silence et l’Art’Vac. La dernière exposition des Mains du Sahel s’est tenue les mois d’août, septembre et octobre 2006 et avait pour thème « Les Enfants du Silence ». L’obligation que nous avons, en tant qu’acteurs culturels, est de participer pleinement avec nos moyens, aussi minimes soient- ils, à l’amélioration de la santé des enfants vivants avec le VIH. Nous avons un défi de taille à relever avec toutes les organisations et acteurs socioculturels concernés pour réduire et éventuellement stopper si possible ce fléau dans notre pays qui est à majorité jeune. Ces journées des arts plastiques étaient un moment d’échanges, de réflexions et des contributions ont été apportées pour renforcer la lutte contre le Sida. Les recettes de l’exposition ont été reversées à des associations luttant contre le VIH pour prendre en charge les soins de santé des enfants sidéens. Tout individu, surtout un enfant, doit avoir
accès aux soins de santé. Une bonne santé, c’est la base
et c’est un minimum !


Voir en ligne : Le221, mensuel de culture et de sports au Sénégal

Selly Wane - Photos : www.kamikazz-photo.com

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