Shihan Senseï Yatma Lô, ancien élève de « Zap » et également son ami de longue date, raconte leur compagnonnage. Leurs relations dépassaient le tatami.
L’homme
Yatma Lô : « Il aimait toujours donner et ne pas recevoir. Tout ce qu’il avait, il le partageait avec ses proches, ses amis et ses élèves. A chaque fois qu’on allait aux entraînements, je lui demandais de me laisser faire mais il ne voulait pas me fatiguer et pourtant je n’étais pas parmi ses premiers élèves comme les Bouba Diop, Alioune Sarr… qui étaient là avant moi. »
Sa fille Sophie Samb : « Il m’a initiée au karaté dès l’âge de sept ans. C’était un vrai sportif, pas un simple karatéka. Sa générosité le caractérisait et il a consacré sa vie à ses trois foyers : le sport, sa famille et son travail. J’ai beaucoup gagné de son apprentissage car il aimait ce qu’il faisait. »
Son enseignement
Yatma Lô : « Je lui disais souvent que Senseï ce que tu as comme connaissance, je n’ai pas le dixième tellement qu’il était pétri de qualités techniques. Il était super intelligent, il priait beaucoup et il pouvait rester une journée sans manger, seul le café lui permettait de tenir. Quand il venait au dojo, il travaillait sans relâche parce que le karaté se pratique partout. En fait, un vrai karatéka c’est celui qui sait évoluer dans toutes les situations »
Sophie Samb : « Le karaté qu’il nous apprenait était le « vrai » si on peut ainsi dire parce que la technique était enseignée dans la rigueur et la discipline » se souvient la ceinture noire 1er dan et unique fille de maître Zapata qu’il a initiée.
Le visionnaire
Yatma Lô : « Même dans son lit de mort, il avait le temps de vous parler de choses que vous ne pouviez imaginer. Il faisait du judo, du kung fu et il nous poussait à faire les autres disciplines martiales pour comprendre l’essence du karaté et des arts martiaux en général. La preuve, c’est que maintenant aux championnats du monde, c’est permis de faire des mouvements de hanche et de marquer au sol. Le karaté est en train d’évoluer et Zapata parlait de cela. Depuis 1978, il nous disait que le karaté allait évoluer et nous risquions d’avoir des problèmes si nous ne faisions pas de judo. »
Ses rêves
Yatma Lô : « Il disait avant sa mort que son seul bonheur était de réunir tous ses élèves et de les faire se retrouver autour de l’essentiel. C’est pourquoi j’avais pris l’initiative de nous réunir tous à travers l’association nationale des arts martiaux. Maître est une grande perte pour le Sénégal. »
Sa fille Sophie Samb : « Mon souhait est de réaliser son rêve de participer au rayonnement de son dojo et de promouvoir aussi le mini karaté. Il y tenait particulièrement ».
Zapata a quitté ce monde le 3 mai dernier après avoir accompli sa mission. Oss Maître !