Mamadou Ndiaye Thia, poète des couleurs et des volumes

Artiste peintre et sculpteur autodidacte, Mamadou Ndiaye Thia est de ceux qui dessinent les premières pages de leur carrière sous les rayons du lever du soleil. Imprégné des couleurs de l’horizon et des volumes de son environnement culturel, l’artiste de Dakar Plateau est parvenu à faire de son nom une signature inimitable… En remportant le 1er prix du Salon national des arts plastiques du Sénégal en 2007, Thia s’offre une reconnaissance de taille…

Publié le 18 mai 2009  

Né d’un père Lébou et d’une mère Sérère niominka, Mamadou Ndiaye alias « Thia » (nouveau né en sérère niominka) a très tôt décliné son penchant pour l’art. Dés 1981, il commence à baliser son chemin et à ouvrir une brèche sur son espace d’expression artistique entre peinture et sculpture. Son long séjour dans les îles Saloum, chez ses oncles sérères, lui a permis de s’imprégner de la richesse culturelle de cette localité et d’inspirer la plupart des thèmes de ses œuvres. Sur ses toiles, Thia exprime une totale liberté sur sa démarche picturale, rompt avec la tradition des surfaces lisses pour faire place au jeu des reliefs. Sous l’effet de la lumière, les tableaux de l’artiste laissent trainer des détails ombragés, dissimulés entre cauris et gris-gris, couleurs sobres, dégradées à l’infini…

Petite histoire de cornes...

Quant à ses sculptures, elles sont loin de l’ordinaire. Pour la petite histoire qui explique le choix des cornes de moutons, Mamadou Ndiaye souligne que tout serait parti d’une scène de cousinage à plaisanterie entre « ndiobènes » (de la famille Diop) et « ndiayènes » (de la famille Ndiaye), un jour de tabaski. Constatant que ses cousins avaient grillé toute la viande du mouton, il se proposa de voler au secours des cornes qui étaient la prochaine proie de ces derniers. « Je veux donner une seconde vie à ces cornes », a-t-il dit à ces cousins sous des airs très taquins comme le veut cette tradition du cousinage à plaisanterie. Après sept années de recherche, l’artiste est parvenu à sortir de terre des personnages impressionnants conçus avec ces cornes de béliers reliées avec sa fameuse pâte composée de cinq matières (une recette qu’il préfère taire), « c’est le thiaisme », soutient-il. Solides et robustes, ses œuvres prennent une dimension plus significative avec sa collection « Clameurs des arènes », d’où est extraite l’installation sacrée 1er prix du Salon National des Arts Plastiques du Sénégal en 2007.

Le public a pu découvrir l’intégralité de cette collection lors de sa dernière exposition à la Galerie nationale d’art du 3 au 24 mars dernier. Un récit sur la lutte et tous les rituels qui l’accompagnent et qui font de ce sport traditionnel un véritable art où la danse, le chant, l’exhibition de la force physique et mystique attisent le spectacle… à travers « Clameurs des arènes », Thia pose le débat sur la nouvelle configuration de la lutte sous l’effet d’un certain modernisme. « Ainsi, le lutteur qui était, naguère, un sportif doublé d’un artiste, est réduit à n’être qu’une force de la nature dont la mission est de cogner et envoyer à terre son adversaire. Alors que, le lutteur était à la fois un danseur et un poète qui, au rythme du tam-tam, gratifiait la foule d’un spectacle… », confie Moussa Ndiaye, commissaire de l’exposition « clameurs des arènes ».

Cette exposition sera montée très prochainement à la Place du Souvenir et dans les régions du Sénégal…

Renseignements : 57 Av. George Pompidou
Tél : +221 76 663 29 54 – +221 77 365 10 17

Quelques-unes de ses expos

Expos collectives :

1996 : Exposition inaugurale de l’espace Enda Ecopole.
1997 : CCF, actuel Institut Français LSS (Premières Journées Culturelles de Dakar Plateau)
1997 : Maison de la culture Douta Seck de Roger Langevin en sculpture.
1998 : Biennale Dak’Art,galerie Amadou Hampaté Bah
2002 : Biennale Dak’Art
2002 : Praia (Iles du Cap vert)

Expos individuelles

1997 : Maison de la Culture Douta Seck, Dakar sculptures (1er Salon national de l’emploi)
2002 : Sodida 5e Salon national de l’emploi
2003 : Galerie Nationale « Signe Africain »
2004 : Finlande (Turku) Projet Taf Taf Varissuo
2005 : Université Gaston Berger Saint-Louis (Quai des Arts)
2006 : Biennale Dak’Art (Théâtre national Daniel Sorano et CADP)
2007 : Enda Ecopole Jaques Buguicourt, expo sur l’impressionnisme avec Dothy France
2007 : 1ére édition du Fesmir

Youssouf Chinois. Photos : Jules.

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