Le Sénégal, terre de la Térang’Art, a accueilli en 2008 plusieurs artistes de dimension internationale. Dès le mois de janvier, Morgan Heritage débordant d’énergie faisait vibrer plus de 15 000 spectateurs pendant trois jours avec le concours de Black Emotion. Les amateurs de vibes peuvent balancer la tête, brandir les couleurs vert, or et rouge et lancer leur cri de guerre : Jah rastafari ! car le milieu a déjà pris goût à la cause reggae. Les prestations de haute facture assurées par [Alpha Blondybreve929] le 11 mai pour commémorer la disparition de Bob Marley, Gyptian les 28 et 31 mai, Richie Spice lors de l’African Diaspora Tour le 15 août, Midnight avec un reggae roots en juillet, ont été les moments phares des rendez-vous reggae en 2008.
D’autres stars étrangères ont aussi marqué l’année. Si l’écho de la mélodique voix d’Axelle Red lors du gala de la francophonie du 19 mars résonne encore aussi bien que celui de Gil Semedo le 29 novembre, Asa lors des hip hop Awards ou encore Ayo en compagnie de Youssou Ndour en fin d’année, l’atmosphère n’a pas été de même avec les passages de Sean Paul, 2 Face Idibia qui se sont soldés par des fiascos regrettables et imputables à l’amateurisme et la gourmandise des organisateurs. De fausses notes qui décrédibilisent l’image du milieu de l’événementiel sénégalais.
Univers estival de festivals
Côté festival, l’agenda culturel a reconduit bon nombre de dates et en a enregistré de nouvelles. C’était le cas avec la 2ème édition du Festival International du conte et de la parole de Gorée qui a permis une connexion musique, danse et conte autour du thème « Esclavage et Libertés » en fin avril.
Afrikakeur a aussi marqué les cœurs et les esprits en partageant sa soirée d’ouverture avec les pensionnaires de l’Empire des enfants en début juin au moment où les rideaux tombaient sur la première édition du Festival Xeex réunissant Espagnols et Sénégalais dans l’idéal de mener un combat solidaire contre la pauvreté, le paludisme, l’émigration clandestine...
La première édition du Festival International de musique Folk initié par Pape & Cheikh avec le concours de Baobab Communication a fait sensation pour avoir permis d’apprécier la richesse de cette musique d’écoute.
Ainsi, l’année était couronnée de festivals aux fortunes diverses à l’image de Gorée Diaspora inscrit sur un Cahier d’un retour aux sources de la diaspora en novembre, Handifestival qui a brillé par la pertinence de son approche, Bargny Rythmes sur Mer pour la diversité de sa programmation, Ndakarou Festival et son attachement aux racines de la culture sénégalaise...
Les instants de swing avec le Festival International « Jazz à Dakar » les 13 et 14 juin piloté par Michael Soumah et « Séné Jazz » du 18 au 21 juin avec Marc Ciceri et Jean Pierre Delaunay, ont trouvé mieux de se tenir le même mois, sans drainer du monde.
En milieu hip hop, les initiatives étaient de taille : entre le Battle National du 29 mars, The City Battle en mai, Urbanation Bboy en juillet avec le dynamisme de Kaay Fecc et Africulturban, aîné des anciens qui repose dans le panthéon de la culture sis à la Place du Souvenir depuis le 9 juin, à celui de Djibril Diop Mambéty en juillet.
Dans l’optique de servir le cinéma, Image et vie était présent avec de beaux films et un thème pertinent sur « Cinéma & musique » en juin, ainsi que la première édition du Festival du Film de Dakar et le renouveau apporté par 37cinq via son dôme, à défaut de salles de ciné.
Mode : des collections aussi tendances que créatives…
En mode et stylisme, Sira Vision, du haut des planches montées à la Place du Souvenir le 29 mars, a fasciné son monde avec des collections aussi tendances que créatives. Avec le Dakar Fashion Week d’Adama Paris, la ville ralliée par des créateurs d’horizons divers, était devenue, du coup, la capitale de la mode internationale.
Les mannequins et Miss ont aussi manifesté tout leur charme à l’occasion d’Elite Model Look en octobre qui a sacré Aminata Diop, miss Chocolate remportée par Reine Marie Mendez, et la sublime Fatoumata Diallo, la miss aux deux couronnes (miss Sénégal 2008 et miss CDEAO pour la paix).
Coup de cœur !
Le coup de cœur, c’est sans doute le retour de Xalam 2 en août dernier. Impressionnants et virevoltants d’énergie, les doyens sont revenus avec un deuxième souffle, pour redémarrer la grosse machine qui est restée en veilleuse durant des années.
L’un des plus grands événements de l’année a été le Dak’art. Pendant un mois, peintres, sculpteurs, designers, photographes..., venus des quatre coins du monde ont fait de Dakar, un pôle d’attraction centré sur une Afrique qui se mire encore. Cette édition s’est distinguée avec l’hommage rendu au doyen de la peinture sénégalaise, Iba Ndiaye, disparu quelques mois après (le 4 octobre).
En dehors de cet événement qui a connu le soutien d’Eiffage, grand mécène dans le domaine, « Réflexivité Maturité’’ commémorant les 10 ans de peinture de Soly Cissé, »Femme Terre et Lutte" de Dago, Gorée Regard sur Cours étaient des instants captivants.
Le Sénégal ne se limitant pas à Dakar, les régions, bien que battant des ailes, tiennent des événements bien respectés. Saint Louis avec son célèbre festival de Jazz, Louga tient son Fesfop, Kaolack draine du monde avec le Festival du théâtre et du rire qui réunit toute la famille du théâtre sénégalais, Matam et les « Blues du Fleuve » initié par Baba Maal, Ziguinchor avec le carnaval de Kafountine, Abéné Festival, Tamba et son Festival International Kayes Médine en février...
Si l’on reconnaît l’existence d’une réelle volonté des artistes, des acteurs et promoteurs de la culture d’œuvrer pour magnifier le secteur, il y a lieu d’inviter tous les intervenants à s’investir davantage et s’armer d’outils nécessaires pour améliorer les créations artistiques, les productions, le management et la promotion à toutes les étapes de la chaîne, partant même de la source d’inspiration à la diffusion finale…