Au bout du compte, ma vie se résumait à ce mince bagage.
Comment étais-je arrivé à un tel dénuement ? Pourquoi occultais-
je toutes les questions existentielles que j’aurais dû me poser
légitimement ? Pourquoi, d’un seul coup, je vis ma gueule telle
que le miroir me la renvoyait : marquée par la vie et le temps,
légèrement bouffie par l’alcool mais tellement plus humaine que
deux ans auparavant ?
Vincent, chirurgien, voit son destin basculer du jour au
lendemain. Dans l’impasse d’un travail de deuil impossible, il
débarque sur le continent africain plein de certitudes et de
suffisance.
« Oui, j’ai cru que ce dépaysement signerait ma guérison, que
ma convalescence débuterait au bord du fleuve Casamance.
C’était aller vite en besogne. La distance ne vous éloigne pas de
votre chagrin. On l’emporte, on le porte en soi comme un
vêtement plein de taches indélébiles que l’on confie, encore et
encore au pressing, sans résultat. L’enveloppe terne de la nostalgie
résiste à tous les détachants ».
Toujours en quête de l’improbable trouée de bleu dans le gris
de son existence, il fera la rencontre fortuite de Léa dans un taxi-
brousse.
À propos de l’auteur
Nadine Prudhomme est née en 1952,
partage sa vie et exerce son métier d’infirmière
entre la France et l’Afrique. Ce brassage culturel
lui a déjà inspiré un premier roman : Tam-Tam
Sénégal.