Créée en 2004, cette aire de 11 900 hectares – mangroves, plages, îlots et forêts littorales – abrite une biodiversité remarquable et offre un habitat essentiel aux tortues vertes (Chelonia mydas).
Protéger et gérer un sanctuaire naturel
« Mon rôle est de protéger, gérer et valoriser ces ressources », explique M. Touré, conservateur de l’aire marine protégée (AMP) d’Abéné. Avec huit agents et sept écogardes communautaires, il coordonne la surveillance, la sensibilisation et les activités de conservation.
L’AMP d’Abéné illustre la philosophie de gestion communautaire : impliquer les populations locales dans la protection et le suivi des espèces.
Menaces et enjeux
L’AMP fait face à deux grandes pressions. D’abord, l’exploitation intensive des ressources halieutiques dans les zones de pêche voisines, qui fragilise l’équilibre de l’écosystème. « L’exploitation excessive des ressources halieutiques est la plus grande menace pour l’AMP d’Abéné », souligne M. Touré. Ensuite, l’érosion côtière, de plus en plus marquée, réduit les plages de ponte disponibles. « Nous observons de moins en moins d’éclosions. Certaines tortues se dirigent maintenant vers d’autres sites protégés moins touchés par l’érosion », explique M. Touré. La reproduction devient ainsi plus imprévisible et plus vulnérable.
Éclosions récentes : un signe d’espoir
Malgré ces difficultés, des signes encourageants demeurent. Cette année, quatre nids ont été recensés à Abéné. Le troisième nid a récemment donné lieu à une éclosion après 47 jours d’incubation : 66 tortues marines ont rejoint l’océan.
Chaque nid est suivi avec soin, depuis la ponte jusqu’à l’émergence, afin de protéger les œufs et de maximiser les chances de survie des nouveau-nés face aux menaces naturelles et humaines.
La communauté au cœur de la conservation
Les habitants participent activement aux activités de sensibilisation, au nettoyage des plages et à la surveillance participative. Cette implication collective est l’un des piliers du succès de l’AMP.
À Abéné, la protection des tortues est plus qu’un devoir écologique : c’est une responsabilité commune. Malgré les défis, l’engagement des équipes et des communautés permet encore d’assister à ces moments rares et précieux, comme la naissance de dizaines de petites tortues — un symbole d’espoir pour le patrimoine naturel du Sénégal.


