Thiaroye 44

Camp Thiaroye : là où sont tombés les tirailleurs sénégalais

Il y a de cela plus de 70 ans, des tirailleurs sénégalais de retour de la 2e guerre mondiale, étaient regroupés dans un camp de transit à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar. Le 1er décembre 1944, à la suite d’une manifestation pour réclamer leur prime de démobilisation et arriérés de solde, plusieurs centaines d’entre eux furent fusillés et tués par l’armée française.

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Les événements de Thiaroye 44 constituent l’épisode le plus douloureux de cette paisible petite ville du Sénégal située dans la banlieue de Dakar, entre Pikine et Rufisque.

Camp Thiaroye, image du film de Sembène Ousmane

En novembre 1944, au moment où la fin de la deuxième guerre mondiale se dessinait, plus de 1 600 soldats africains originaires de différents pays de l’Afrique occidentale française, communément appelés tirailleurs sénégalais, sont débarqués au Camp Thiaroye. Aucun d’entre eux ne pouvait imaginer subir le sort qui leur a été réservé, de retour au bercail, après avoir combattu lors de l’offensive allemande de mai-juin 1940 et fait prisonniers des Allemands en France.

Rapidement démobilisés, sans le règlement de leurs indemnités et pensions, ces tirailleurs sénégalais se sont retrouvés sur ces lieux après plusieurs promesses non tenues sur le paiement de leur dû. Ils organisent alors une manifestation au cours de laquelle le général Dagnan est chahuté. Touché dans son orgueil, il décide en accord avec son supérieur, le général de Boisboissel, de faire une démonstration de force et envoie des gendarmes, renforcés de détachements de soldats indigènes issus des 1er et 7e régiment de tirailleurs sénégalais et du 6e régiment d’artillerie coloniale et de quelques blindés.

La suite des événements se passe de commentaire. Après deux heures et demie de discussions, l’ordre d’ouvrir le feu est donné et ce fut un massacre vraisemblablement prémédité. Des centaines de tirailleurs sénégalais périrent, autant de blessés graves et de blessés légers.

Immédiatement, trois cent ex-tirailleurs sont extraits du camp pour être envoyés à Bamako. Trente-quatre survivants, considérés comme meneurs, sont condamnés à des peines de un à dix ans de prison. Ils subissent une amende de 100 francs de l’époque et perdent leurs droits à l’indemnité de démobilisation. En août 1947, ils ont été amnistés par la loi du 16 août 1947 avec remise de peine pour ceux qui étaient encore en prison, mais sans recouvrer leurs droits à leur retraite militaire.

Le 1er décembre 2014, le président français François Hollande procède à la remise symbolique des archives de Thiaroye 44 à son homologue sénégalais Macky Sall en déclarant : « Je voulais réparer une injustice et saluer la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français et sur lesquels, les Français avaient retourné leurs fusils, car c’est ce qui s’est produit ». Il évoque un bilan d’au moins 70 morts avec 35 morts sur place.

Sur les dossiers individuels des victimes est estampillé : « N’a pas droit à la mention « mort pour la France » ».

François Hollande et Macky Sall à Thiaroye 44

Un mensonge d’État par Armelle Mabon

La description de ces événements, présentés depuis cette époque par la France comme une réaction à une mutinerie armée, reposent sur « un mensonge d’État depuis plus de soixante-dix ans », selon l’historienne Armelle Mabon, maître de conférences à l’université Bretagne-Sud, à Lorient (Morbihan).

Les révélations de l’historienne font suite à ses investigations entamées en 1996. En fouillant dans les archives officielles, en confrontant les témoignages et autres récits. Confrontée à des « militaires historiens falsifateurs », elle est cependant parvenue à éclaircir les circonstances de cet épouvantable massacre prémédité. Elle a la certitude que le chiffre officiel de 35 morts n’est pas exact mais que les pertes réelles sont entre 300 et 400 tirailleurs.

Armelle Mabon conclu : « le ministère français de la Défense fait obstruction à la manifestation de la vérité. Le Sénégal doit exhumer les morts et leur donner une sépulture digne. »

Camp Thiaroye selon Sembène Ousmane

Camp Thiaroye, affiche du film de Sembène Ousmane

Camp Thiaroye, c’est aussi le titre du film de Sembène Ousmane. Des images fortes, un discours poignant, des dialogues en français bon banania qui peuvent paraître drôles. Mais Camp Thiaroye, c’est surtout un film d’horreur qui rappelle des faits d’une extrême cruauté.

L’histoire est organisée autour de la figure du sergent-chef Diatta. Sénégalais cultivé et élégant, parlant diola, wolof, français et anglais, amateur de musique classique et de littérature, marié à une Française et fier de son « africanité », il représente les contradictions du système colonial. Il s’oppose au capitaine Labrousse, officier d’active des troupes coloniales, et est soutenu par le capitaine Raymond, qui rentre en France avec de nouveaux engagés à la fin du film.

Camp Thiaroye, pourtant prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1988 et prix Unicef, fut censuré pendant dix ans en France (sortie discrète à Paris le 7 janvier 1998) et pendant 3 ans au Sénégal, semble n’avoir jamais été diffusé par la télévision française et paru en DVD seulement en 2005.

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  • Sénégal

    Bonjour ! Je suis le petit fils de Ibrahima NIANG tirailleurs sénégalais qui été en guerre 1939-1945 mais il avait retourné au Sénégal après ses missions en guerres.Actuellement il est décès mais sa femme est bien vivante .Depuis qu’il est revenu en guerre en n’étant au service militaire il n’a pas jamais perçu de salaire ni indemnités . Sa famille n’avais pas la possibilité pour pouvoir régler ce problème . Je voudrais savoir est ce qu’il est possible pour sa femme puisse touché ses indemnités qu’elle presque tous ses papiers

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  • sn

    Non s est le manque de réflexion on n est pas des animaux. Rip a tout les tirailleurs

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  • fr

    J’ai honte pour la France de ce massacre injustifié , ces stupides officiers auraient du être jugés .Je suis Maire d’une petite commune , chaque 11 novembre ou 8 mai je salue le courage des jeunes Sénégalais et Africains qui ont combattu pour nous . Amicalement

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  • Sénégal

    Ces lhistoir au paravant mai pas aujourd huit

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  • fr

    Bonsoir
    Vendredi à 15H00 dans un lycée de France on parlera du massacre de Thiaré, de son histoire, de sa mémoire et ce dans le cadre du programme de Terminales. Les vivants ne sont pas coupables de ce qu’ont fait les morts mais ils doivent se souvenir.
    Un enseignant

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  • sn

    bonjour... je trouve vraiment desolant la reaction francaise apres les avoir aide nos encetres méritaient plus mais pas une charte aussi humiliante que celle ci

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  • sn

    triste mais vrai......que la terre leur soit tres legere,que dieu les recompense...(d’apres mon grand pere a LG son papa fut un tirailleur) merci encore pour vos infos, elles me touchent mais me font me sentir bien et fierrrr

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  • sn

    je ne sais pas porquoi les blanc nous aime pas

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  • fr

    j’ ai vécu 2 ans au senegal au camp de Bargny à côté de Rufisque ça me dit vaguement quelque chose j’ étais gamine à l’ époque le mari de ma mère et ma propre mère étaient des racistes comme tous les blancs qu’ à l’ époque j’ ai rencontrés là bas et ils le sont restés toute leur vie durant avec le recul et après avoir lu cette histoire je ne suis pas étonnée ça fait mal au cœur tout ça je ne sais plus quoi dire j’ ai honte c’ est tout .

    • fr

      non au contraire toi tu dois lever hautement la tete car tu sai qu’on fond de toi t’es pas raciste sion ca ne te deangerai pas......et puis on ne change pas le destin.mon grand pere a LG ma une fois dit que son papa fut un tirailleur malheureusement il n’a pas continuer, je ne sai le pourkoi ?je pense ke j’etai encore jeune pour lui dmander de m’expliker mai maintenant c’est trop tar.....merci encore pour les infos ce triste mai vrai

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