Un nouveau genre de M’balakh

Cheikh N’diguel Lô, Leerraye Lamp Fall rek

Chanteur, batteur, percussionniste, Cheikh N’diguel Lô a vraiment réussi à créer un nouveau genre de M’balakh, même s’il est considéré comme un musicien qui fait du folk, il définit plutôt sa musique comme un patchwork sonore avec comme base un doux M’balakh, associé à différent rythme du continent ou de la diaspora.

Dans une ambiance pure Baye Fall (soldats du mouridisme) simple, courtoise et conviviale, Cheikh N’diguel Lô nous a reçu. Modeste demeure à Keur Massar en banlieue dakaroise.

C’est au Burkina Faso, pays qui l’a vu naître, que Cheikh N’diguel Lô débute sa carrière musicale dans les année 70, au sein du Volta Jazz comme timbalier, puis à la congas et à la batterie. Il découvre plusieurs genres musicaux et se produit dans les clubs de Ouaga et de Bobo-Dioulasso.

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1978, il rentre au bercail et intègre la formation du chanteur rebelle Ouza avec qui il enregistre un album très virulent contre le pouvoir du président Senghor, Ouza est emprisonné et Cheikh intègre l’orchestre de l’hôtel Savana en 1982 jusqu’en 1984, il s’envole pour la France avec un producteur et quelques musiciens sénégalais pour un projet de grands orchestres africains. Lorsque le groupe éclate Cheikh Lô embarque seul pour l’aventure musicale, la vraie. Une aventure riche, qui le fera croiser Papa Wemba, qui le sollicitera pour quelques concerts, le Xalam où il remplace de temps à autres feu Prosper Abdoulaye Niang (batteur et membre fondateur du groupe) et pleins d’autres groupes français et africains.

En 1988, il rentre à Dakar, intègre le groupe Gal-gui (pirogue en ouolof) comme batteur avec Omar Sow au clavier, Cheikh Tidiane Tall à la guitare, Robert Lahoud à la guitare rythmique, Mounir Abdalah à la basse et Thio M’baye à la percussion. Une véritable Dream Team musicale, ils vont se lancer dans la production de plusieurs chefs doe’œuvres qui vont marquer l’univers musical sénégalais avec des nouveaux talents, Saytané de Coumba Gawlo , les premiers Souleymane Faye post Xalam, Makhou Lébou-gui, et pleins d’autres artistes.

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En 1990, Cheikh Lô sort son premier album Doxandem inspiré de son séjour en France, l’album rend hommage aux immigrés sénégalais et connaîtra un succès fou au Sénégal. En 1991, il rempile avec un deuxième album “Jeuf Jell”, moins célèbre que “Doxandem“ faute de budget.

En 1994, après la séparation de Gal Gui, Cheikh Lô forme son groupe et se produit régulièrement au Tringa. C’est là que Youssou N’dour va tomber sous le charme du style musical du Baye Fall chanteur. Le résultat ne se fait pas attendre, en 1995 la maison de disque Jololi de Youssou N’dour produit “ Né La THiass ”. L’album sera enregistré au studio Xippi , par les musiciens du Super Etoile et d’autres artistes comme Omar Sow. L’album séduit et connaitra un succès fou au Sénégal et un an plus tard sur le plan international . Il se produira avec son groupe dans plusieurs pays d’Europe.

En 1999 son deuxième album international “Bambay Guedj “ sort. Co-produit par World Circuit et Youssou N’dour. L’album connaît le même succès sur le plan international et c’est l’occasion aussi de faire découvrir la richesse du métissage musical, en incrustant des sonorités mandingues, reaggea, salsa, blues au m’balakh très soft.

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Aujourd’hui, Cheikh Lô revient sur la scène internationale avec son nouvel album Lamp Fall sorti en novembre 2005 en Europe. Il a été réalisé à Dakar, Londres et Bahia au Brésil. Riche de 13 titres, c’est un “ niaxass “ (mélange) de samba, salsa, ragga, jazz funk et m’balakh. L’album a vu la participation de Omar Sow et Lamine Faye, du groupe “Ilé ayé”, formation brésilienne de 40 percussionnistes, Bécaye Diop bassiste de Pape Fall et de l’African Salsa, Etienne M’bappé, et de ses musiciens. Lamp Fall est aujourd’hui sur le Top 10 des hits en Europe. Même s’il ne collabore plus avec Youssou N’dour , Cheikh Lô tient à démentir la rumeur et il affirme haut et fort qu’il entretient d’excellents rapports avec le chanteur et qu’il est toujours surpris de voir des articles du genre « Cheikh Lô crache du Feu sur Youssou N’dour ». Son message aux musiciens et producteurs sénégalais c’est qu’ils doivent arrêter de faire des musiques « Bana-banas » (amateurisme) et que les artistes doivent pousser leur curiosité vers d’autres horizons.

Cheikh Lô a rendu aujourd’hui le M’balakh plus accessible sur le plan international et même national. Il a créé un nouveau genre musical plus approfondi et il croit à l’adage « Seul le travail paye ». En attendant la sortie nationale de son prochain album, il se consacre en ce moment à la promotion de l’album tout en continuant de se produire dans les clubs de Dakar.

> Cheikh Lô, comme un parfum de nostalgie

Discographie

  • 1990 : Doxandem
  • 1991 : Jeuf jeul
  • 1995 : Ne la Tiass
  • 1999 : Bambay Guedj
  • 2005 : Lamp fall

Mady Kane - Photos : Jacky Daniel Ly

Cheikh Lô
Cheikh Lô en concert
Cheikh Lô

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