Sous la houlette de son nouveau directeur général, l’entreprise publique Dakar Dem Dikk (DDD) engage une réforme de fond dont les premières lignes se dessinent déjà.
Héritages du passé, failles d’aujourd’hui
« Nos ateliers utilisent encore du matériel hérité de l’ex-SOTRAC », confie Assane Mbengue, le nouveau DG, lucide sur l’état des infrastructures techniques de l’entreprise. L’histoire industrielle de Dakar Dem Dikk est ainsi jalonnée de décisions incomplètes. L’entreprise s’est lancée dans un projet d’acquisition massive de bus sans la modernisation des équipements de maintenance correspondants.
Selon le directeur, la société dispose d’un parc roulant sous pression, des plateaux techniques obsolètes, et un personnel souvent contraint d’improviser face à l’usure prématurée des véhicules. À l’heure où les transitions écologiques deviennent incontournables, la société peine à adapter ses structures à l’arrivée progressive de bus à énergie propre.
Des bus, oui. Mais sans conducteurs
DDD compte près de 3 000 agents, mais paradoxalement, il manque de chauffeurs. Le recrutement est gelé, alors même que les besoins explosent. Cette situation affecte directement le service. Le constat est que les bus ne sortent pas par manque de personnel qualifié, et les usagers en subissent les conséquences.
« L’effectif de la société est un frein à sa performance. Avec près de 3 000 agents, nous manquons paradoxalement de conducteurs, qui sont pourtant la ressource humaine la plus essentielle. Sans marge pour recruter, nous devons optimiser l’existant. », admet la direction.
L’inefficience de la répartition des ressources humaines freine la performance de DDD, rendant difficile la régularité et la fréquence des dessertes, particulièrement en période de forte affluence.
Une dette colossale, héritée du passé.

Sophie Diouck, première conductrice de bus au Sénégal
Les passagers qui prennent le bus de Dakar dem dikk, sur la ligne 218, et qui découvrent cette femme au volant ont tous la même réaction : surprise, admiration et enfin respect après quelques (…)Des dettes colossales
Mais le défi majeur reste financier. Dakar Dem Dikk ploie sous le poids d’une dette estimée à plus de 130 milliards de FCFA. Parmi les principales sources : plus de 120 milliards investis par l’État depuis l’an 2000 dans l’achat de bus, sans stratégie de renouvellement à long terme. À cela s’ajoutent plus de 12 milliards de dettes fiscales, malgré une tentative de rachat en 2019 pour apurer la dette sociale et fiscale. Un fardeau qui limite les marges de manœuvre de la direction actuelle et hypothèque les projets d’envergure.
Une explosion de la demande
Pourtant, dans ce paysage contrasté, un fait mérite d’être souligné : la performance remarquable de DDD en matière de fréquentation. « Nous sommes passés de 50 000 à 130 000 voyageurs par jour, déjouant les pronostics qui nous limitaient à 45 000 », rappelle fièrement le directeur général.
Avec près de 4 millions de passagers chaque mois, DDD s’impose aujourd’hui comme le service de transport conventionné le plus utilisé au Sénégal, bien au-delà de ses prévisions initiales. Une croissance fulgurante qui témoigne de la demande massive pour un transport collectif fiable, mais qui exerce aussi une pression constante sur un outil de production fragile.
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DDD et sa digitalisation
Devant les enjeux structurels et financiers, Dakar Dem Dikk entame une nouvelle étape : la digitalisation de son réseau. La direction s’engage sur une digitalisation complète du service pour bâtir un transport public plus moderne, plus sécurisé et centré sur l’expérience usager.
Désormais, « Les bus seront équipés de technologies de pointe pour transformer l’expérience des usagers : caméras embarquées pour la sécurité, dispositifs de comptage des passagers pour gérer la surcharge, système billettique avec valideurs électroniques pour faciliter le paiement et optimiser la gestion des recettes, ainsi que des écrans et un système sonore pour une communication visuelle et sonore plus fluide. », annonce le directeur Assane Mbengue.
Cette modernisation marque le début d’une nouvelle ère, où fiabilité, transparence et confort deviennent les nouveaux standards du transport urbain.
23 avril à 06:22, par mukasine
Très bon projet qu’est la digitalisation de DDD ????
Ceci assure une viabilité et une bonne transparence de ce service aux usagers.
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