Cinéma

Djibril Diop Mambety, l’orfèvre du cinéma sénégalais

Le Sénégal regorge de talentueux cinéastes dont les œuvres ne cessent de nous parler jusqu’à nos jours : Ousmane Sémbene, Moussa Séne Absa, Mansour Sora Wade, ou encore Alain Gomis... Des figures importantes du cinéma africain. Aujourd’hui, nous nous intéressons à un d’entre eux : Djibril Diop Mambety, celui qu’on surnommait l’enfant terrible du cinéma.

Oncle de Maty Diop (fille de Wasis Diop) dont le premier long-métrage Atlantique a remporté en 2019 le grand prix du festival de Cannes, Djibril Diop Mambety est un poète cinéaste qui a marqué le septième art par sa singularité mais aussi par son enthousiasme à vouloir dépasser les frontières académiques.

Né en 1945 à Colobane, ce comédien metteur en scène qui s’est formé tout seul alors que beaucoup de cinéastes africains ont appris leur art à Moscou ou Paris, n’a réalisé que quelques films au cours de sa courte vie (cinq courts et deux longs métrages). Mais chacun d’entre eux est très spécial et possède une énergie unique. Ses créations ont porté sa figure de scénariste à un degré incommensurable. Certains cinéastes vont même jusqu’à le surnommer le poète de l’image.

Fils d’un religieux, il passa tout son enfance avec son père et son jeune frère Wasis Diop aussi musicien de renom. Après des études à l’école des arts, Diop Mambéty débute comme comédien au Théâtre national Daniel Sorano de Dakar. Il commence ensuite à jouer dans des films sénégalais et italiens, mais son rêve était de devenir réalisateur.

Mambety quitte alors le théâtre et commence à imaginer des scénarios. Il concrétise ses envies et tourna son premier film Badou boy à l’âge de 21 ans, puis Contras ’City en 1968. Un film qui montre les contrastes de la ville Dakar, son métissage et son ouverture sur le monde. Contras ’City est le premier court-métrage du cinéaste financé avec l’aide du Centre culturel français.

Contras-city de Djibril Mambety Diop

En 1973, Djibril tourna son premier long métrage Touki-Bouki (le voyage de la hyène) en français. Ce film place directement le jeune prodige de 27 ans parmi les réalisateurs phares de sa génération. Touki-Bouki fut présenté au festival de Cannes en 1973, sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs. Il gagne ensuite le Prix de la critique internationale, ainsi que le Prix de la critique au Festival de Moscou.

Après Touki-Bouki, Mambety reste plus de quinze ans sans réaliser de film. Une pause loin du cinéma, une longue période retrait. Il retourne ensuite au cinéma en 1989 avec son ami Idrissa Ouédraogo pour la réalisation du film Yaaba, intitulé « Parlons grand-mère ».

Au cours de sa carrière cinématographique, Djibril Diop tissa une relation particulière avec la chanteuse sénégalaise de blues Aminata Fall dite Garmi qui d’ailleurs chanta dans presque tous ses films.

« HYÈNES », FILM CULTE DES ANNÉES 1990

Son dernier long métrage, Hyènes (1992), adapté d’une pièce du dramaturge Friedrich Dürrenmatt, sera le deuxième long métrage de Djibril Diop Mambety. Il entame ensuite un cycle de trois moyens métrages : l’Histoire des petites gens, dont il ne pourra réaliser, avant sa mort, que les deux premiers volets : Le Franc et La Petite vendeuse de Soleil son dernier film, dont le montage est achevé par son frère, Wasis Diop.

L’originalité du film le Franc fut reconnue. Présenté au Festival de Locarno, en 1994, le film remporta de nombreux Prix et honneurs. En 1995, il fut sélectionné lors du Forum International du jeune cinéma, au Festival international du film de Berlin. Il reçut également le Tanit d’Or pour le meilleur court métrage aux Journées cinématographiques de Carthage en 1994, le Prix du meilleur court métrage au Fespaco 95 et le Golden Gate Award octroyé par la San Francisco Film Society.

Djibril Mambety décéda prématurément le 23 juillet 1998 à l’âge de 53 ans, à Paris où il était soigné. Il mourut avant même d’avoir achevé sa trilogie, « Histoire des petites gens ». En 2018, le couple chanteur américain Jay-Z et Beyonce s’inspirent d’une scène de son film Touki-Bouki en reproduisant la moto tirée du film pour une de leurs vidéos. Ainsi Mambety acquiert encore une aura internationale.

Le couple américain qui emprunte une scène du film Touki Bouki

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