L’anacarde au Sénégal : rien ne se perd, tout est transformé

Chaque année, des milliers de tonnes de noix d’anacarde quittent les régions du Sud (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) et celle du centre (Sokone) en direction des pays asiatiques, principalement l’Inde, le Vietnam ou le Pakistan. Une situation qui ne permet pas à la filière nationale de l’anacarde de tirer tous les profits de son potentiel grâce à la transformation source de valeur ajoutée.

Publié le 13 octobre 2023   1 commentaire

Pour relever le défi de la transformation, une usine a été mise en place à l’entrée de Sokone à 200 km de la capitale dans l’espoir d’une relance des activités de traitement de la noix de cajou dans la zone et le retour d’une industrialisation locale.

Le Sénégal est un pays producteur d’anacarde (100 000 tonnes/an), mais exporte la grande majorité des noix sous forme brute, principalement vers l’Inde, le Vietnam ou le Pakistan. Un manque à gagner considérable puisqu’une fois transformé sa valeur augmente. Un acteur agricole ambitionne d’inverser la tendance en favorisant la transformation locale. C’est ainsi qu’il a décidé de reprendre une ancienne usine implantée à Sokone, la « SODENAS », la première unité de décorticage de l’anacarde à grande échelle à l’arrêt depuis 1990.

La reprise de la SODENAS

Crée en 1979 par l’État du Sénégal, la SODENAS est la première unité de décorticage de l’anacarde à grande échelle au Sénégal. Implantée à Sokone, elle avait pour objectif principal de promouvoir la transformation de la noix de cajou avec une capacité de décorticage de 1 250 tonnes par an. Toutes les productions de noix provenant des plantations dans le Sine Saloum étaient obligatoirement destinées à la SODENAS qui devait assurer la transformation et la commercialisation.

La libéralisation de la filière en août 1986, avec l’entrée en scène des intermédiaires internationaux privés et des négociants locaux, a entraîné la faillite de la SODENAS qui constituait la seule structure publique dédiée à l’anacarde mise en place par l’État. L’usine s’est retrouvée ainsi à l’arrêt pendant plus d’une vingtaine d’année avant d’être reprise en 2012 par Alioune Ndour Diouf.

C’est en allant dans ses exploitations près de la frontière gambienne qu’il a découvert les installations de la SODENAS longtemps abandonnées et a décidé de les racheter auprès de la SNR pour relancer l’activité et donner un nouveau souffle à la chaîne de valeur anacarde dans la région de Fatick. L’usine, complètement remise à neuf, a nécessité un investissement de plus d’un milliard de FCFA.

Les meilleures noix de cajou se trouvent-elles à Sokone ?

Les noix de cajou dans la zone de Sokone sont d’excellente qualité. Il s’agit de la variété costaricaine introduite en 1973 par la coopération allemande dans le cadre d’un projet d’appui à la filière dénommée PASA (Projet anacardier sénégalo-allemand). C’est ce projet qui a abouti à la création de l’usine de la SODENAS. La fermeture de l’usine en 1990 et l’arrêt des plantations dans le cadre du projet PASA n’ont pas empêché la propagation et la dissémination de l’espèce dans cette zone du Niombato et au-delà.

La valorisation de la coque de noix de cajou

La nouvelle usine SEPT de Sokone a une capacité de transformation de 6 000 tonnes de noix de cajou par an qui sera atteinte dans les trois prochaines années avec une capacité de stockage de 500 à 1 500 tonnes. Quant aux volumes décortiqués, ils sont volontairement limités à 500 tonnes pour la campagne 2023.

« Pour cette année test, nous avons décidé de miser sur 500 tonnes achetées directement auprès des petits producteurs et des coopératives de la région. Nous obtenons ainsi environ 100 tonnes d’amandes blanches. Tout le reste, c’est de la coque qui contient une huile très utilisée dans les industries aéronautiques, cosmétiques et médicinales. La coque a également des propriétés calorifiques. Au sein de l’usine, nous allons utiliser une petite quantité de coques pour alimenter la chaudière, le reste sera repris par des industriels comme la SOCOCIM pour produire de l’énergie. Des négociations sont en cours. », déclare le repreneur Alioune Ndour Diouf.

L’usine emploie aujourd’hui une cinquantaine d’ouvriers et d’ouvrières tous recrutés dans les environs. Ils seront au nombre de 250 au bout de la troisième année de fonctionnement.

Les avantages concurrentiels des amandes sénégalaises sur le marché international

Les noix de cajou ainsi que les amandes doivent répondre aux exigences des normes de qualité au niveau international. « Non seulement les noix sénégalaises sont d’excellente qualité, mais le pays est très proche des grands marchés de consommation comme l’Europe et les États Unis. Pour atteindre ces marchés, notre usine a bénéficié d’un soutien de la coopération allemande pour obtenir la certification HACCP, gage de la qualité de nos produits. Une fois obtenue, elle nous permettra de faciliter notre accès au marché américain dans le cadre de l’AGOA, un traité qui vise à aider les producteurs du continent africain à exporter leurs produits aux Etats unis en franchise de douane  », affirme M. Diouf

Présentation des noix de cajou de la société SEPT

Contact

Usine SEPT (Société d’exploitation des produits du terroir)
Sokone, région de Fatick
contact sept-sn.com
+221 77 633 33 53 - +221 77 586 64 94

Lire aussi : Aminata Diouf, retour à la terre gagnant

Amadou Gueye

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Lire 1 commentaire

  • sn

    Superbe, ce Monsieur doit etre ministre du développement rural, nous attendons les investisseurs pour la Casamance, à la place du zircon monsieur le président, c’est ce genre de projet qu’il nous faut.

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