L’héritage du colon (à casque) : violence et mépris du Noir ?

Traversé par tous les vents contraires, nombre d’Africains aiment se défausser de leurs travers sur autrui et plus particulièrement, le co-lon. Bien entendu, nous ne parlons du côlon-organe mais de l’autre, celui qui, avec ou sans casque colonial, aimait à gambader – émigrer – loin de chez lui afin de tomber à bras raccourcis sur de nouvelles terres.

Publié le 29 octobre 2015   1 commentaire

L’inhumanisme dont nous aimons faire bénéficier nos congénères nous viendrait donc… du colon. Colon dont même l’ectoplasme se fait rare en nos contrées tant l’esclavage officiel a été aboli il y a longtemps. Mêêêê qu’on se le dise : nous, Africains, avons une mémoire des plus tenace. Oui.

Nous n’oublierons pas le funky legs fait par « nos ancêtres les Gaulois ». Non non. Mazoutés dans leur « respect des ainés », et sous peine de passer pour des fils indignes, nombre d’Africains estiment devoir perpétuer les mœurs et coutumes de cette lointaine époque « temps béni des colonies » , chatoyante césure de l’histoire qui fut si riche en hémoglobine, « justice » expéditive et autres courses-poursuites de dératés à travers plaines et forêts approximativement agencées pour la course à pied. Tout ceci, bien entendu, par déférence à l’égard d’Astérix, Obélix, Assurancetourix et Tuttiquantix : nos ancêtres gaulois les plus connus et sympathiques.

Astérix et le domaine des Dieux

Et si l’heure n’est plus au fouet virevoltant et autres jarrets sabrés à tour de bras, pa ni pwoblèm. À charge pour nous, Africains, de désormais pratiquer une violence autrement plus « policée » et « conviviale » : que l’Histoire compte sur nous pour cela. Ne sommes-nous pas de dignes filles et fils du colon ? Si si.

À bien y regarder, c’est bien le moindre que nous puissions faire en mémoire de nos papys fouettards qui, en sus de leur si belle langue, nous léguèrent et la violence et le mépris de notre reflet (ainsi que celui de nos semblables), en héritage. Fwanchement, c’est pas not’ faut’ à nous pôv’ nègs. C’est bien connu : « un cadeau, ça ne se refuse pas ».

Extrait de Tintin au Congo, © Hergé

Alors ? Alors.

Par conséquent, en hommage à nos pépés gaulois qui nous truandèrent bien bon mais qui nous beaucoup aimaient tout de même, il est tout à fait normal que nous Africains soyons si cruels et intraitables avec nos « collègues » d’épiderme abusivement appelés « frère » « frangin (e) », « pote », éventuellement « poteau ».

Quels frères ?! Quel poteau.

C’est ainsi que quoique Dieu soit grand, le mépris du Noir pour l’autre Noir peut ne pas être petit. Qu’on se le dise. On vous l’écrit.

À part ça ça va.

Irène Idrisse

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