Entre 2007 et 2010, le Sénégal a connu de fortes précipitations durant les périodes d’hivernage . Les fortes pluies ont entraîné dans la ville et surtout dans sa banlieue des éboulements de maisons, d’immeubles et des inondations monstres. De nombreuses populations se sont vues obligé d’être relogées dans des abris provisoires constitués dans des écoles de la ville, le temps que l’État leur trouve une solution durable.
C’était il y a plus de dix ans. Aujourd’hui, certaines de ses populations, faute d’alternatives, vivent encore dans ces écoles, leurs maisons étant toujours occupées par ces eaux devenues des repères de bestioles parfois dangereuses comme des vipères d’eau ou des boas.
Aujourd’hui encore, lorsqu’il pleut sur Dakar, certaines artères de la ville sont impraticables ou presque, les marchés sont dans un état d’insalubrité indicible et il est courant de devoir faire de gros détours pour se rendre d’un lieu à un autre. Dans certains quartiers de la ville, après juste quelques millimètres de pluies, les habitants peuvent se retrouver avec une eau stagnant devant leur maison pendant des semaines et des semaines, les obligeant à se créer des passages improvisés à l’aide de vieux pneus ou briques, pour ne pas être contraints de rester chez eux.
Un développement « sauvage » de l’urbanisation
Tout ceci pourrait être justifié par la vétusté des installations de réseaux et voiries divers, qui remontent à la période coloniale. Beaucoup des installations d’assainissement que compte la ville datent de cette époque et n’ont pas été renouvelées depuis lors. Mais il n’y a pas que cela.
Le développement fulgurant de l’immobilier dans la capitale a vu la naissance de nombreux « nouveaux quartiers », inexistant il y a dix ans et qui n’ont pas eu de réseaux d’assainissement publics. Les propriétaires des habitations de ces nouveaux quartiers ont quasiment tous eu recours à des installations de privées, pendant que l’espace public est souvent laissé à lui-même.
Il faut ajouter à tout ce désordre certains comportement comme le fait de déverser des tas d’ordures (souvent non dégradables) dans les bouches d’égouts, obstruant ces dernières qui, à la moindre précipitation, rendent leur contenu nauséabond dans les artères de la ville.
Mais il faut croire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Certains jeunes très entreprenants ont vu dans ces désagréments hivernaux des opportunités économiques. On peut les apercevoir, dans certains quartiers et surtout dans les marchés, proposer leurs services en tant que passeur et porter des dames qui ne souhaitent pas se mouiller, d’un bout à l’autre des nombreuses flaques d’eau, en échange de quelques pièces.