Pour ce virtuose de la kora , l’instrument aux vingt et une cordes n’avait plus de secret. Digne héritier de la lignée de grands griots tels Soundioulou Cissokho, Lalo Keba Dramé, Bana Cissokho… Lamine Konté se permet même, grâce à ses recherches, de rajouter des cordes à sa kora : « Je joue avec une kora de 25 cordes, et lorsque j’ai fini d’accorder mon instrument je peux jouer avec n’importe quel autre instrument ». Lorsque vous lui parliez de solfège il vous répondait que même s’il n’existe pas dans notre tradition, les airs sont fredonnés.
Il favorise, à travers des ateliers de Kor’art, des rencontres entre des virtuoses du xalam Samba Diabaré Samb, le tambour-major Doudou N’diaye Rose …
La place du griot et de la kora en Afrique
Les griots avaient une fonction de régulateur social, ils étaient les têtes pensantes des rois, les principaux artisans de l’union entre groupes sociaux, générations ; ils étaient assimilables à des aiguilles qui devaient servir à recoudre le tissu social, resserrer les liens entre les familles et par lesquels on arrivait aussi à sortir les gens de leur torpeur en rappelant les hauts faits de leurs ancêtres. Ils ont donné leur lustre à de grands empires comme celui du Mali, Gabou, Ghana, etc. Aujourd’hui encore, cette place leur revient car ils donnent matière à méditer et perpétuent la tradition.
Ses thèmes
Dans la mesure où le griot joue un rôle de « transmetteur » de valeurs, il est normal pour Lamine Konté que le thème récurrent, central, soit celui de la paix, du dialogue et de la communication.
La recherche de la paix est un préalable pour toute chose, paix en Casamance, en Afrique et dans le monde. « Na nga si nga kathia aye kayra woulou » « Asseyons nous autour d’une table pour discuter afin que revienne la paix ». « Kelle pauverté » « lutter contre la pauvreté ». « Lundo tata, lundo naata » « un jour est parti un autre est là » ; Lamine Konté invitait les générations à dialoguer. « Koba » Grenier… Pour dire qu’il faut avoir mangé pour entreprendre une action car « ventre affamé n’a point d’oreille et un sac vide ne peut tenir debout ».
Biographie
Date et lieu de naissance : 1942 à Bantagnima (arrondissement de Marsassoum. Casamance). Ethnie : Mandingue
Membre fondateur du Waato Siita avec Ousmane Sow Huchard et feu André Lô
- 1973 : Festival international de la jeunesse à Mexico
- 1974 : Tournée au Québec avec le Waatoo Siita
- 1979 : Expérience musicale avec le Xalam II de Dakar « Dolley Mboolo »
- 1982 : Avec la diva Aicha Koné pour l’enregistrement d’un disque à Los Angeles
(Ebony Band)
- 1987 : A Zurich, campagne de promotion du tourisme sénégalais
- 1992 : Concert à l’école de formation des diplomates pour l’Afrique à Washington
- 1994 : Festival jazz de Sardaigne, concerts Rome, Lego, Teramo, Pise, Pescara
- 1995 et 1996 : 1er et 2e édition du Printemps des Cordes avec son groupe « Lamine Konté Bunda »
- 2000 : 2e Rencontres poétiques internationales de Dakar ; enregistre avec l’artiste camerounaise basée à Paris Sally Nyollo
Initiateur de Kor’art 2001 à la maison de la culture Douta Seck
Ibrahima Thiombane
16 novembre 2017 à 23:19, par Zartich
17/11/2017, je viens d’apprendre avec une profonde tristesse la disparition de Lamine.
Il est parti depuis 10 ans et a laissé en moi le souvenir d’un messager de la culture sénégalaise, de paix, d’ouverture et d’universalité lorsqu’il paraissait dans les années 70 au « Hootenany » , à Paris, soirée spectacle entièrement improvisée par Lionel Rocheman, le mardi dans le théâtre de 500 places de l’American Center for Students and Artists.Y paraissaient également : Marcel Dadi, Claude Besson et son dulcimère, Allan Stivell, Steve Waring, etc.... Je ne l’oublierai jamais :« Lamine for ever ! » Zartich
Répondre
10 janvier 2008 à 18:39, par bambo
salut
Je viens d’apprendre par votre source le deces d’un maitre de la cora . Je suis moi meme instrumentiste et j’ai eu l’occasion de jouer avec lui au CCF une experience inoubliable . Adieu maitre
Répondre