Daxar gi

Le mythe du tamarinier de Kaolack

À Kaolack, faire le tour du rond-point du tamarinier (daxar gi en wolof) protège contre le mauvais sort. Une croyance qui vient d’une aventure arrivée à Mboutou Sow, chef de canton et fondateur du quartier Leona, vers 1919.

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Mboutou Sow, très fatigué d’une longue marche, décida de s’arrêter sous un arbre proche de son domicile pour fermer l’œil le temps de se reposer. Mais son sommeil fut interrompu par une voix mystérieuse qui lui intima : « là ou vous habitez n’est plus votre place. Votre place est ici, sous le tamarinier ».

Un jour le Commandant de cercle Brocard [1], venu avec ses détenus, ordonna l’abattage de l’arbre. Mboutou s’y opposa fermement, lui signifiant que cet arbre-là est intouchable. Le colon répliqua en invoquant le droit pour lui dire que l’arbre est sur la voie publique et gêne la circulation, avant de donner l’ordre aux détenus d’abattre le tamarinier.

Au premier coup de hache, du sang gicla de l’arbre, laissant indifférents le commandant et ses subalternes. Curieusement, quelques temps après, ils moururent tous un-par-un, y compris le commandant Brocard.

La place du tamarinier à Kaolack lors de l’hommage à Mboutou Sow, 5 avril 2014

L’emplacement de ce tamarinier abattu fait aujourd’hui office de rond-point, surplombé par un lampadaire en face de keur Mboutou Sow. Sa particularité réside dans le fait que toute mariée Kaolackoise devrait en faire trois fois le tour avant de rejoindre le domicile conjugal, une façon de se protéger contre le mauvais sort.

Cette coutume, si elle n’est plus massivement suivie , persiste encore dans le quartier Leona.

Mboutou Sow s’est éteint le 15 janvier 1949 à Kaolack.


[1Il fut commandant de 1909 à 1919, très violent et autoritaire.

Chérif Sow, descendant de Mboutou Sow.

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  • sn

    Par Fodé SARR
    Une autre version de la mort du Commandant Brocard est celle ci : suite à une plainte faite contre le Chef de Bétanti par ses voisins x et y inconnus, ce commandant a convoque Al kali Lamine DEMBA à Fandion non loin de sangamar pour lui notifier que la mer appartient à la France. Or la devise de Sandi, Empereur du Wadou (Wagadou) au 12e siècle et fondateur de Bétanti était : Waadou mansa Kaymang banna Tene Djiégou magola fa kolola fa kéléma lé (Roi du Waa dou l’or est ma richesse. C’est à moi et à ma descendance la mer, la terre et la navette). En effet le territoire des îles Bétanti comprenait un espace maritime et un espace terrestre que défendaient les populations comme le Sénégal les défend de nos jours par sa vaillante armée dont la devise est : ces hommes là on les tue mais on ne les déshonore pas. Al Kali Lamine, Roi des îles Bétanti et digne héritier se Sandi était donc allé prêt comme un combattant répondre au défi que lui a lancé par Brocard. Ainsi, ce que Brocard a vu en face de lui à Fondion ce jour là et devant le quel il a pris la fuite est responsable de sa mort. Brocard ne retournera jamais en France. Cette histoire est bien connue des personnes âgées des îles du Saloum.

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