Une quarantaine d’artistes sont représentés à cette exposition, toutes générations confondues, à travers 65 tableaux qui retracent aussi tout un pan de l’histoire de l’art contemporain sénégalais. « Quand on parle de l’école de Dakar on parle des élèves de Pierre Lods. Ce courant très controversé a été initié par Léopold Sédar Senghor qui en a été le mécène et l’organisateur. Ces élèves de Pierre Lods, ceux l’ancien Institut national des arts de Dakar et d‘autres artistes fréquentaient la Médina, où Pierre Lods avait sa cour ».
Cette exposition est l’aboutissement d’une recherche qui a duré un an, pour Wagane Gueye qui vit entre la France et le Sénégal. « Je travaille sur une mise en valeur du patrimoine, d’artistes décédés de l’école de Dakar, je remets des choses passées, enfouie, en lumière, mêlés à des artistes de la dernière génération, comme Docta, Ndoye Douts ».
Déjà organisateur de l’exposition les Empreintes du temps, dans le off de la Biennale Dakart (2016), Wagane Gueye avait déjà comme base le fond important de la collection privée qu’il avait alors présenté au public.
Visite guidée de Médina Cité muse, avec Wagane Gueye, à qui nous avons demandé de choisir cinq artistes
Ousmane Faye
Cet artiste, considéré comme faisant partie de la première génération de l’Ecole de Dakar, n’a pas vécu assez longtemps pour développer toutes ses potentialités. C’est un artiste sénégalais dont on dit beaucoup de bien. L’estampe n’est pas datée, mais a dû être réalisée dans les années 70/80. Elle vient de la collection privée de la galerie Mémoire Africaine de Saly. Heureusement, car nous avons eu du mal à trouver des œuvres de cet artiste, dont beaucoup ont été achetées par l’État. Ousmane Faye est décédé dans les années 80. Son travail est très avant-gardiste avec une touche très particulière.
On sent les influences très fortes dans le travail de la génération de ces artistes qui étaient très proches en terme d’inspirations, Zulu Mbaye, Kre Mbaye, Moussa Baydy, de cette période. C’est très difficile de retrouver des œuvres de cette époque. Les artistes ne les ont pas. Beaucoup de collectionneurs ne veulent pas les prêter leurs œuvres. Ils font leurs propres expositions.
Amadou Sow
A tout seigneur, tout honneur ! Il a toujours su allier sa carrière d’artiste en Autriche et une présence très forte au Sénégal. Nous lui devons le logo de la Biennale. Par ses écritures, son langage plastique, il s’est toujours adapté, et n’a jamais été dépassé. Les graphismes, traits et points très fins, se retrouvent dans les tableaux de Solly Cissé par exemple. Ce tableau date de 1990. La Médina était un vivier d’artistes à l’époque. Certains y sont nés, d’autres fréquentaient les ateliers ou y travaillaient. Amadou Sow est connu comme Goréen, mais il faisait partie de ces artistes qui fréquentaient la Médina .
Ndoye Douts
Né à Diender, il est venu à Dakar pour faire les Beaux-Arts. Il vivait chez sa grand-mère, à la Médina, dans la vieille cité qu’on appelle Tolu, en face du village artisanal, avec les toits en tuiles. Ndoye Douts, c’est la promotion des années 98-99 de l’Ecole des Beaux-Arts de Dakar. Son mémoire de fin d’étude avait pour sujet l’habitat, les quartiers, précaires, qu’il traduit plastiquement d’une manière très poétique. J’ai été le premier à présenter certains de ces travaux, alors qu’il était étudiant, dans ma galerie. Aujourd’hui il peint toujours les villes, partout où il passe. C’est un grand coloriste, et il y a une grande liberté dans son utilisation des matières. Cet artiste a été beaucoup copié. C’est la rançon de la gloire !
Zulu Mbaye
Un « pur produit » de Pierre Lods ! Il est resté très constant dans sa démarche. C’est un artiste très coté dans le marché sénégalais, qui a vécu une bonne partie de sa vie en Belgique. Il fait partie des subversifs de l’Ecole de Dakar. L’Ecole de Dakar, c’était les pinceaux au service de la Négritude de Léopold Sédar Senghor. Zulu Mbaye, El Sy, ne sont pas dans cette démarche. Ils ont toujours été des rebelles, des avant-gardistes à la démarche artistique très libre. Avec Zulu Mbaye, nous avons eu une très belle collaboration pour le projet. Il dit « tu travailles pour nous, tu nous mets en valeur ».
Moussa Baydi Ndiaye
Il venait de Thiès, et était très proche de Moussa Sene Absa et de Zulu Mbaye. C’est une très belle histoire d’amitié. Il a longtemps vécu, et fréquenté par la suite la Médina. On voit dans son travail des lignes, des influences de Kre Mbaye. Ses totems semblent sortir de la toile… J’ai toujours apprécié sa double casquette de diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts qui fréquentait l’underground des ateliers de la médina, des artistes très subversifs. C’était aussi un ami très proche.
En savoir plus
- Biographie complète de Wagane Gueye : http://www.wakhart.com/wagane-gueye-presente-medina-cite-muse/
- A propos de Pierre Lods et de l’Ecole de Dakar : https://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_Dakar_(art)
Médina, cité muse : Galerie Nationale, Dakar, jusqu’au 31 octobre.
> Voir aussi : Les arts plastiques
23 septembre 2018 à 17:43, par Cid Pedro
Bonjour, vous parlez de Mussa Baydi Ndiaye au passé...cela veut-il dire qu’il est décédé ? J’ai plusieurs de ses œuvres acquises lorsque je vivais à Dakar à la fin des années 1980...c’était devenu un ami tout comme Seni Mbaye...Bien cordialement.
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31 octobre 2016 à 02:35, par AG
Bravo aux artistes peintres Sénégalais.
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