En France : des plaques et des promesses
Depuis 2019, Emmanuel Macron appelle à « rendre justice » aux tirailleurs africains qui ont combattu pour la France ». Certains saluent ces gestes comme des avancées importantes, d’autres les jugent tardifs et insuffisants.
- Une place à Paris : en mars 2023, la « Place des tirailleurs sénégalais » a été inaugurée à la Porte de Clignancourt. La cérémonie a réuni anciens combattants, officiels et collégiens.
- Des droits enfin reconnus : depuis janvier 2023, les vétérans peuvent retourner dans leur pays sans perdre leur minimum vieillesse — une mesure longtemps demandée, obtenue après des décennies d’attente.
Pendant près d’un demi-siècle, les pensions des anciens combattants des colonies sont restées gelées, plafonnées à 30 % de celles de leurs frères d’armes français. Ce n’est qu’après l’arrêt Diop en 2001 et la médiatisation des films Indigènes ou Les Enfants du pays que Jacques Chirac annonce en 2006 l’alignement complet des pensions — sans effet rétroactif.
La mémoire passe aussi par la culture, avec par exemple, l’inauguration d’une place au nom du sculpteur sénégalais Ousmane Sow en 2019, ou encore l’engagement citoyen d’Aïssata Seck, fille de tirailleur, qui milite pour la naturalisation des vétérans.

Au Sénégal : débaptiser pour se réapproprier
À l’inverse, Dakar prend un autre chemin : tourner la page des noms coloniaux pour mettre en avant ses propres héros.
Le président Bassirou Diomaye Faye a ainsi poursuivi un vaste chantier de débaptisation commencé il y a quelques années : le boulevard Charles de Gaulle est ainsi devenu le boulevard Mamadou-Dia, en hommage à l’ancien président du Conseil sénégalais, la place Faidherbe de Saint-Louis s’appelle désormais Baya Ndar.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso suivent la même voie, rebaptisant rues et monuments pour effacer un héritage colonial jugé trop envahissant.
La fin de la présence de l’armée française le 17 juillet 2025, après plus de 60 ans de présence, marque la fin d’un chapitre de domination militaire et politique, que certains voient comme un geste de libération.

Entre reconnaissance et réappropriation
Ces deux trajectoires montrent la complexité des rapports entre mémoire, histoire et identité.
- En France, il s’agit de reconnaître le rôle des tirailleurs et de transmettre cette mémoire, longtemps étouffée, aux nouvelles générations.
- Au Sénégal, l’objectif est d’affirmer une identité nationale débarrassée de la tutelle coloniale et d’imposer une mémoire plus nationale qu’universelle... plutôt que de d’honorer l’ancien colonisateur.
Dans l’opinion publique, les débats sont vifs. Certains saluent des pas « nécessaires », d’autres dénoncent de simples opérations symboliques ou des manœuvres politiques pour apaiser une conscience coupable.
Qu’on inaugure une place à Paris ou qu’on rebaptise un boulevard à Dakar, le résultat est le même : la mémoire coloniale ne cesse de ressurgir, d’être disputée, réinterprétée.
3 septembre à 19:01, par gueye
Senegal France, c est lié pour longtemps je pense
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