Mouss’Art : d’éleveur à artiste plasticien

Né à Dakar à l’hôpital Abass Ndao et originaire du Fouta, Moussa Ba faisait des va-et-vient entre Dakar et le Fouta puis un jour se rendit à Popengine. Appelez le Mouss’Art. Ancien éleveur de bœufs, l’homme est un artiste dont le stand surplombe la plage de Cupaam à Popenguine.

Publié le 28 mars 2017  

Celui qui se dit inspiré par Kounta Kinte (l’esclave mémorable) et Kocc Barma est un homme dont les œuvres hétéroclites découlent de ce que l’immatérialité de « l’esprit de la brousse » et le paysage de cette même brousse lui soufflent.

Ses premières poussées artistiques lui vinrent alors qu’il faisait paître les bœufs dans les pâturages du Fouta. Désormais incontournable du paysage popenguinois, il semble qu’il ait toujours été là, nimbé de ses créations, son sourire et son affabilité.

Transmuter le jeté en objet de désir

Bouchons, peinture, clefs, cuillères, montres, capsules, perles, bois, toile, balais artisanaux, pinceaux, cadenas, râteaux, calebasse, bijoux, chaines, bracelets, cordages, semelles de chaussures, paille, heurtoirs, pierres etc. Rien ne mérite d’être jeté selon Moussa qui, en virtuose de la récup, transmute ce que les gens jettent et rejettent en des objets de désir.

Cent euros la création : on ne rigole plus. Elles sont exportées en Allemagne où l’un de ses amis les écoule. Être positif et attentif, Mouss’Art voit de l’art partout, en tout, et déconstruit ce qui peut nuire à la vie tout simplement. En ce sens, la démarche de récup est non seulement artistique mais militante : faire de l’art avec ce qui encombre les poubelles ou qui « gâte le sol de Popenguine » est l’une de ses manières de professer son amour pour ce village qui depuis 2008 l’a adopté. Lui, l’homme du Fouta.

L’entente

Être pacifique pour qui « l’entente est la clé du succès », il se montre reconnaissant envers « grand frère Kadd Diouf, c’est lui qui m’a poussé et Insé Armand aussi ».
A la question de savoir s’il a déjà participé des expositions « Oui, avec Insé Armand à l’Atelier de tissage » Le nom de l’expo était : Foccii Expo. Il y eut également une « exposition avec un grand de la Suisse au Balafon Café ». Si l’on vit de son art à Popenguine ? « La valeur se verra à l’extérieur ». Hors de Popenguine et par extension, du Sénégal.

Ses clients sont « Allemands pour la plupart, Espagnols, Français, des architectes. Des inconnus qui achètent plus de 5 pièces pour en faire des expositions ». Des souhaits ? « Une meilleure entente entre les jeunes » dit-il. L’entente toujours. A propos des arbres qu’il aime tant : il faudrait « sensibiliser la population » afin qu’elle en prenne soin.

Popenguine et lumière

Selon lui, Popenguine est une « nice place, un village avec beaucoup de lumière ». Un bémol « les gens ne veulent pas qu’on les devance ». Malgré cela, Popenguine demeure un « bon village » même si le « manque d’entente entre les villageois est la chose qui manque pour allumer la lumière de Popenguine ». Mouss’Art aimerait que femmes et enfants mettent la main à la pâte pour cette entente tant souhaitée. « Le président doit investir à Popenguine », un village qui selon lui « manque de révolutionnaires ».

Aller dans le sens du vent lorsque celui-ci va dans la bonne direction et travailler pacifiquement à le re sculpter lorsqu’il vous mène dans un sens non désiré, ainsi est Moussa, également mélomane et guitariste mais gaucher : « on m’a formé avec la main droite, mais c’est lent ». Avec « la [main Ndlr ] gauche, c’est plus rapide » rires.

Irène Idrisse. Propos recueillis par Jackiss

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