Oumou Sy rentre dans le club très fermé des récipiendaires de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction française. Ses bénéficiaires ne comptent guère plus de 25% de femmes. Bien que non réservées aux français, quand elle est destinée aux étrangers, cette décoration participe d’un titre protocolaire accordé aux chefs d’État, premiers ministres, membres de gouvernement et ambassadeurs étrangers lors de leur venue en France, et à quiconque a servi les intérêts de la France. Crée par Napoléon Bonaparte, la Légion d’honneur est le premier ordre dans la hiérarchie des distinctions de la nation française. Elle est considérée comme une institution ouverte et représentative de l’élite vivante d’un pays moderne qui récompense les mérites éminents acquis au service de la nation.
Cette cérémonie officielle qui honore Oumou Sy confirme une fois de plus l’adage que nul n’est prophète en son pays. La Légion d’Honneur vient s’ajouter à une liste déjà conséquente de distinctions et consécrations que notre styliste de renommée internationale a reçue entre le 1er Prix de la Fondation Prince Claus, le 1er Prix RFI Net Afrique ou le prix de la Ville de Rome. Considérée depuis longtemps comme une ambassadrice de l’afrique positive et comme l’incarnation de la créativité et de l’innovation du continent, son pays le Sénégal, non seulement n’a pas encore su l’honorer comme il se doit mais elle reste encore dans l’attente d’une réparation et d’une réhabilitation face à l’humiliation que lui a fait subir l’Etat suite à une ténébreuse affaire de 100 mannequins qui l’a entraîné au bord d’une faillite dont elle se remet peu à peu.
Pourtant c’est bien au Sénégal que Oumou Sy, sans savoir lire et écrire, comme beaucoup de ses concitoyens, développe ses activités de créatrice innovante à travers son travail en haute couture , sa contribution au spectacle vivant et au cinéma dont elle est la première créatrice de costume de l’histoire du 7e art africain ; d’opératrice culturelle à travers des événements internationaux tels que le Simod (semaine intrentaionale de la mode de Dakar) qui en son temps a fait de Dakar le carrefour international de la mode en afrique ; d’actrice du développement dans un secteur émergent tel que l’internet et les technologies de l’information et de la communication à travers Metissacana considéré comme un pionnier du secteur en afrique qui a largement contribué à la place de leader que tient le Sénégal dans ce secteur en Afrique ; de promotrice du monde rural d’où elle vient à travers notamment son dispensaire en Casamance qui rayonne sur 42 villages.
La légion d’Honneur honore une personnalité hors du commun en pleine action puisqu’elle prépare actuellement avec la Fondation Prince Claus (Pays-Bas), le Théâtre du Châtelet (Paris) et la République du Mali, "Bintou Were, un Opéra du Sahel" qui sera le premier opéra africain et qui réunit une dream team de créateurs du Sahel ; parallèlement à l’inlasssable combat de promotion du label "made in afrique" qu’elle revendique et qu’elle impose lors de ses sorties internationales, notamment quand elle a exposé au MKG de Hambourg, un musée national allemand qui lui a consacré un exposition de six semaines réunissant quelques 20 000 visiteurs payants l’automne dernier.
Le premier principe de la légion d’honneur est qu’on ne peut pas s’en porter candidat. La proposition pour la Légion d’honneur est faite par un ministre en faveur de personnes dont l’activité présente un lien de rattachement avec son ministère. La validation des propositions est effectuée par le conseil de l’ordre qui s’assure de la moralité et de l’honorabilité des personnes retenues avant de soummettre leurs dossiers au président de la République française qui est la seule autorité abilitée à donner son accord définitif, s’il le souhaite et à signer le décret portant nomination.
C’est seulement lors la cérémonie du 26 mai 2006 que Oumou Sy, la fille du fleuve, native de Podor , apprendra de la bouche de l’Ambassadeur de France, représentant au Sénégal le chef de l’Etat français, comment ce dernier en est arrivé à signer ce décret lui accordant la légion d’Honneur, et qui à travers elle, honore à travers le Sénégal et l’Afrique, tout un peuple et tout un continent.
