Dans la foulée, le 4 février 2021, un concours international d’architecture avait été lancé pour concrétiser cette vision. Le cabinet d’architecture Djelalli avait été désigné lauréat parmi de nombreuses propositions, avec des travaux prévus au plus pour démarrer le 20 juillet 2021. Un jury de 17 membres composé d’urbanistes, forestiers, hydrologues et environnementalistes avait validé le choix, illustrant l’ambition environnementale du projet.

Sous la supervision de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt public (AGETIP), le cabinet d’architecture devait exécuter le projet pour un montant d’un milliard cent quatre-vingt-neuf millions trois cent soixante mille cent-vingt-sept (1 189 360 127) FCFA TTC.

Après la réserve naturelle urbaine de la Grande Niayes, la foret classée de Mbao et le parc de Hann ce projet devrait permettre à Dakar d’être plus verdoyant. Dakar, ville où les espaces verts se raréfient, allait enfin bénéficier d’une bouffée d’oxygène.

Une déception face à l’inaction

Trois ans après ces annonces, l’enthousiasme a laissé place à une profonde amertume. Le site prévu pour accueillir le parc s’est transformé en un vaste dépotoir d’ordures. Les 10 hectares censés être classés et protégés sont aujourd’hui livrés à l’abandon, mettant en lumière l’échec des mesures concrètes pour la réalisation de ce projet.

Cette situation soulève de nombreuses questions : que s’est-il passé depuis la désignation du lauréat du concours ? Pourquoi les travaux n’ont-ils jamais commencé malgré les délais annoncés ?

L’état actuel de ce terrain, pourtant stratégique pour l’environnement de Dakar, reflète un manque de suivi dans l’exécution de ce projet vert.

Le scandale !

Cependant, la dynamique autour du projet a été brusquement interrompue par une décision de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP). Le 22 juin 2022, la décision n°061/2022/ARMP/CRD/DEF a mis un coup d’arrêt à la poursuite des travaux du parc forestier Dakar-Yoff. Ce verdict faisait suite à des irrégularités constatées dans le processus d’attribution du marché. Des manquements dans la transparence et des soupçons de favoritisme ont été soulevés, obligeant l’ARMP à prendre cette mesure inédite.

Tout part d’un avis défavorable, en mai 2022, de la direction centrale des marchés publics (DCMP) à un projet de contrat portant sur les études architecturales, études des lots techniques, le suivi et la direction des travaux du projet. La DCMP justifie sa désapprobation par les motifs suivants :

1 - Le marché susvisé n’a pas été publié dans le PPM, ni soumis à la revue de l’Organe de contrôle a priori avant le lancement de la procédure.
2 - La procédure de sélection du lauréat n’est pas soumise à la revue de la DCMP comme édicté par l’article 75 du Code des Marchés publics (CMP)
3 - Le recours à l’appel d’offres international a été effectué sans au préalable solliciter son autorisation.

Ces étapes cruciales du processus de passation de marché qui n’ont pas été respectées, ont compromis la viabilité juridique du projet. Cette décision a non seulement retardé les travaux, mais a également fragilisé l’ensemble du projet, laissant le site à l’abandon.

Retrouvez la décision de l’ARMP ici

Une urgence pour l’avenir de la capitale.

La capitale sénégalaise étouffe. La réalité est que la ville a plus que jamais besoin de ce parc forestier. Dakar a perdu près de 600 hectares de surface agricole en dix ans, et les rares espaces verts restants disparaissent progressivement au profit de bétons et d’aménagements urbains.
Selon les normes de l’Organisation mondiale de la Santé, une ville doit disposer d’au moins 10 m² d’espaces verts par habitant. Dakar est loin de respecter ces standards, accentuant les effets de la pollution et du réchauffement climatique sur la ville.

Ce projet de parc forestier représente non seulement une opportunité écologique, mais aussi un enjeu sanitaire et social. Les espaces verts participent à la réduction de la pollution, à l’amélioration de la qualité de l’air et offrent des lieux de détente et de loisirs à la population.

Pourquoi pas relancer le projet ?

Malgré ces retards, tout n’est pas perdu ! il est urgent que les autorités reprennent ce dossier. Ce projet ne doit pas rester un symbole d’inaction, mais devenir une priorité pour le bien-être des habitants de Dakar.

L’avenir environnemental et social de la capitale en dépend.