Présidentielle 2019 : une campagne en arc-en-ciel

La campagne présidentielle 2019 qui oppose le président sortant Macky Sall aux opposants Issa Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Madické Niang, est un véritable feuilleton riche en couleurs, rebondissements, heurts et humour. Les candidats ne lâchent rien en attendant le 24 février, jour de l’élection.

Publié le 18 février 2019  

Vous avez dit démocratie…

Le pays de Léopold Sédar Senghor est connu un exemple de modèle démocratique sur le continent. Multipartisme, liberté d’expression (on y dit ce qu’on veut du président sans être inquiété), fronde entre frères de parti…Cependant sur le terrain de la campagne, la force de frappe du parti au pouvoir l’APR (Alliance Pour la République) est telle que l’on a l’impression d’assister à un one man show où personne d’autre ne peut émerger.

Présidentielle 2019-Le candidat sortant Macky sall-Sénégal

Dans les rues, les deux tiers des affiches sont celles du président sortant Macky Sall, des caravanes qui sillonnent la ville et les régions, la plus impressionnantes est aussi la sienne avec ses grosses voitures américaines. A l’opposition qui se plaint parfois de ne pas pouvoir tenir des meetings à cause du refus préfectoral, on rétorque souvent qu’une autre demande avait déjà été introduite par l’adversaire.

Si sur le terrain la force de frappe du président Macky sall est impressionnante, les autres candidats (Ousmane Sonko et Madické Niang) semblent être plus présents sur la toile (Facebook et Twitter) avec de nombreuses personnes qui les suivent. Pour les candidats Idrissa Seck et Issa Sall, ils sont un peu les oubliés puisqu’on ne les entend pas beaucoup, ni leurs sympathisants, les internautes les appellent les candidats de la vieille génération qui ne s’adaptent pas aux nouvelles technologies.

Idrissa Seck et Issa Niang

La campagne de tous les excès

Si l’on essayait de faire le calcul des dépenses liées à cette campagne électorale, on pourrait tomber à la renverse devant les chiffres. On peut se faire une petite idée devant la logistique de chacun des candidats… Entre grosses voitures louées ou achetées, nombre impressionnant de personnes prises en charge pendant la campagne, organisations de meetings, voyages d’un bout à l’autre du pays, invitation de grosses pointures de la musique, recrutement d’agents de sécurité…la tirelire ne sera pas loin des centaines de millions ici. On a l’impression que les candidats jouent à montrer qui a la plus grosse…logistique.

Présidentielle 2019 : le candidat Idrissa Seck

Dans un pays où le peuple crie son ras le bol en pointant du doigt le président sortant de tous les maux, c’est ce même peuple qui regarde sans crier cette débauche d’argent, même dans les partis d’opposition qui prône tous une meilleure gestion des deniers publics.

Affiche Sonko président

La violence au rendez-vous

Ce qu’on aura le plus retenu lors de cette campagne électorale, sera sans doute le degré de violence et d’électricité dans l’air durant les caravanes des candidats. A Dakar, Tambacounda, Fatick, Ziguinchor, on aura assisté à des bagarres rangées entre camps adverses, avec morts d’hommes… Une situation où chacun rejette la faute sur l’autre. Des milices privées ont fait leur apparition dans cette campagne pour assurer la sécurité des candidats, mais brillent surtout par leur arsenal de guerre et leur manque de professionnalisme.

Présidentielle 2019 : la guerre des affiches

La guerre des affiches

L’autre terrain sur lequel les candidats mènent le combat est bien celui de l’affichage. Les panneaux publicitaires, les murs, les bacs à ordures, aucun espace n’échappe à l’envie des sympathisants de faire voir leurs mentors. Sur les affiches, les messages ne sont pas sans faire sourire dans leur désir de conquérir les votes. Pour le candidat Macky Sall, on verra surtout le marketing fait autour de ses réalisations (autoroutes, crédits accordés aux entrepreneurs, les sphères ministériels, etc). Chez les autres, c’est un peu le désert car on se contente des slogans classiques de campagne, n’ayant pas de travaux réalisés à présenter aux électeurs.

A six jours du vote, si la campagne bat son plein dans les régions, Dakar joue les blasées et semble ne pas accorder trop d’importance à cette joute. Les citoyens vaquent à leurs occupations, passent indifférents devant les immenses affiches et piaffent d’impatience d’aller voter et voir tout ça se terminer pour que la vie reprenne son cours normal.

Madické Niang
Des voitures de luxe pour la campagne présidentielle 2019

Eva Rassoul

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