Elle n’a rien de la gangster au langage châtiée et vulgaire que les parents craignent souvent en imaginant leurs enfants dans le monde du hip hop. Sister LB est une jeune femme de son temps qui sait faire du rap en gardant son côté féminin intact. Une voix douce, un regard qui cache mal une timidité charmante, elle vous parle de son travail avec passion.
« Je viens d’une famille de musiciens qui évoluent dans d’autres styles musicaux, mais je n’étais attirée que par le rap. C’est une musique qui m’a toujours parlée et je ne voyais que ce canal pour dire tout ce que j’avais à dire. Convaincre les miens n’a pas été facile et ma mère a été la seule à me soutenir dans ce projet. »
Elle entre alors dans ce monde inconnu avec le courage d’une lionne bien décidé à casser les stéréotypes. Pendant des années, elle trime sans baisser les bras, se concentrant sur l’objectif qu’elle s’était fixé : se faire un nom. Regarde et apprend les rouages du milieu dominé par les mâles. Elle sourit aujourd’hui : « Ce n’est pas facile pour une femme, mais dans la vie rien n’est insurmontable si on a de la volonté. Je savais quel était mon but et j’ai appris à avoir de la retenue devant les problèmes et pièges qui se présentaient. J’ai tenu bon pour réaliser mon rêve et aujourd’hui, je peux être fière du travail abattu. » Avec Julza, elle monte le groupe Fippu clan (le clan de la révolte) dans ses débuts, dont les messages principaux sont la prise de conscience du peuple et la nécessité de se révolter pacifiquement.
Entrées timidement dans le game, les femmes aujourd’hui s’affirment de plus en plus dans le rap sénégalais. Comme sister LB, elles commencent à imposer le respect grâce à leur travail et aux nombreuses activités qu’elles créent autour de la musique. Elle crée avec d’autres Genji hip hop, un mouvement qui regroupe toutes les actrices autour du rap (rappeuses, graffistes, dj, photographes, beatmakers, managers, etc.)
Pour la jeune femme, le succès se trouve dans les projets musicaux avec d’autres rappeuses, un premier single en 2011 et un dernier sorti le 8 mars dernier. « Ji gën », un titre qui rend hommage aux femmes se démenant pour atteindre les sommets, qu’elles soient mariées, working girls, mères de famille.
Quand elle ne tient pas un micro, sister LB s’active dans le métier de technicienne de son et lumière au niveau du ministère de la culture. Un choix qui lui a permis de comprendre énormément de choses en tant qu’artiste. Elle dit : « Quand on est un artiste, on ne se rend pas souvent compte du boulot que les techniciens abattent pour que le spectacle soit parfait. On râle, on néglige les efforts. Le fait de choisir cette activité était aussi pour moi une manière de mieux appréhender le travail de ceux qui sont derrière la scène, et aujourd’hui ça me sert quand je dois me produire. »
Pour cette jeune femme qui écoute toutes les musiques sans distinction, l’ambition ultime est d’atteindre les sommets du hip hop et partager sa passion avec le monde entier. Voler toujours plus haut et baliser le chemin pour les jeunes filles qui hésitent encore à se lancer dans le milieu du rap.
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