Thiaroye 1944, histoire d’un massacre colonial : mémoire et controverse

Le 1er décembre 1944 vit la tragédie du camp de Thiaroye – des dizaines de tirailleurs sénégalais exécutés par des gendarmes français et des troupes coloniales qui traitèrent comme une mutinerie leur manifestation pour le paiement de leurs indemnités. Leur révolte fut réprimée par ce qui fut une réelle tuerie de masse.

Publié le 29 mars 2017  

Tel est le sujet du livre « Thiaroye 1944. Histoire d’un massacre colonial » écrit par Martin Mourre, docteur en histoire de l’École des hautes études en sciences sociales et en anthropologie à l’université de Montréal. Ses recherches portent principalement sur l’histoire politique et mémorielle du Sénégal au XXe siècle. Il s’intéresse également à une socio-histoire des armées ouest-africaines depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui.

Préfacé par l’historien congolais Elikia Mbokolo, et postfacé par Bob W. White professeur d’anthropologie à l’université de Montréal, « Thiaroye 1944. Histoire d’un massacre colonial » est édité aux Presses Universitaires de Rennes.

Synthèse

Ce livre prend pour objet les représentations d’un massacre colonial, la répression sanglante de tirailleurs sénégalais, ces soldats ouest-africains de l’Empire français, survenue au camp de Thiaroye, à proximité de Dakar, le 1er décembre 1944. Plus de soixante-dix ans après les faits, cet événement reste un sujet de controverse historiographique. Ce qui a longtemps été considéré par l’armée française comme une mutinerie, apparaît plutôt comme une tuerie organisée par les officiers coloniaux présents à Dakar.

C’est ce que démontre un long et patient travail sur les archives de ce drame. De plus, cet ouvrage retrace les réappropriations passées et actuelles de cet événement au Sénégal, à travers diverses temporalités permettant de lire la trajectoire de la nation sénégalaise postcoloniale en suivant la mobilisation d’imaginaires historiques.

Aujourd’hui, au Sénégal, les représentations attachées à l’événement du 1er décembre 1944 apparaissent comme un des paradigmes de la mémoire coloniale. Décrire ces usages du passé sur plusieurs décennies permet alors d’envisager l’articulation entre des mémoires dominantes – officielles ou non –, des formes particulières de rappel du passé et le rôle de ce passé dans certaines dynamiques identitaires.

Irène Idrisse

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