Top 100 des villes africaines : Dakar vingt-troisième, et alors ?

La capitale du Sénégal , ville en chantier, en vue et en devenir - a été classée 23e sur 100 villes africaines par l’école polytechnique de Lausanne et le magazine Afrique Méditerranée Business. Vraiment ?

Publié le 27 février 2017   1 commentaire

Sur quoi se basent-ils ?

« La plupart des classements habituels se concentrent sur le potentiel de développement pour les investisseurs étrangers ou le coût de la vie pour les expatriés. Pour la première fois, le classement rend compte de la qualité de vie dans chaque ville pour ses propres habitants, riches, pauvres, jeunes, vieux, migrants ou autochtones » dixit Jérôme Chenal, dirigeant de la Communauté d’études en aménagement du territoire (CEAT) de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et responsable de l’équipe ayant travaillé à cette étude.

Venant de découvrir qu’en Afrique vivent des Africains, Jérôme and cie ont daigné prendre ces derniers en compte. Un grand merci s’impose.

Mais sur quoi se basent-ils exactement ?

« Au-delà de l’accessibilité ou de la taille des villes, ce type de classement international pousse à une réflexion sur les données urbaines. Les villes qui en produisent peu ou pas se pénalisent d’elles-mêmes… Dans le domaine de la santé, par exemple, nous avions besoin du nombre de lits d’hôpitaux pour 10 000 habitants, mais certaines villes n’en ont jamais fait le décompte. D’autres font des efforts, mais ne mettent pas leurs données à jour ».

Le monsieur a parlé : faut faire des efforts.

Métaphore à deux francs CFA

« Jadis, l’homme riche était celui qui détenait l’information et la gardait jalousement. Mais, avec l’avènement d’Internet, de la science ouverte, des médias en libre accès, l’homme riche est celui qui partage  ».

Faut donc l’ouvrir : la boîte à données s’entend.

Technique de la carotte

« Il en va de même pour les villes, où les plus généreuses en données sont celles qui s’installent en haut des classements  ».

Tes données tu donneras, bien classé tu seras.

Ce qu’ils n’ont pas dit

Les métadonnées concernant les villes à forte croissance (à même d’attirer les investisseurs) sont monnayables pour des sommes de francs suisses conséquents. Ce classement « top 100 » et cætera est par conséquent un moyen on ne peut plus légal d’avoir lesdites données… gratuitement. Quoique publiques, fournies par des « autorités compétentes » elles s’avèrent plus crédibles et acquièrent bien plus de valeur.

Épée de Damoclès sur nos têtes

« Elles [les villes Ndlr] ont aujourd’hui un intérêt à collecter toutes sortes de statistiques pour que leur travail quotidien soit visible et valorisé ».

A défaut de récolter le coton, il te faut collecter les données sur tout ce que tu fais sinon tu vas voir. Dakar a donc intérêt à. C’est le monsieur qui l’a dit.

Tout est bien qui finit super. Pour eux.

« C’est finalement cela que permet ce classement innovant des villes africaines sur le long terme : voir si les investissements et les politiques publiques ont un impact sur la qualité de vie de leurs habitants. Et c’est la raison pour laquelle nous allons suivre les progrès des villes africaines pendant de nombreuses années ».

Trop « zuper » que m’sieur Jérôme ait trouvé une source de revenus annexes en ce « classement innovant » des villes africaines qui d’ores et déjà ont l’assurance d’être pistées, d’aucuns diraient stalkées « pendant de longues années ». Et, rackettées en données sans que les « enquêteurs » présents, à venir et à naître n’aient à bourse délier.

Concernant ce dernier point : il suffirait que les villes africaines se mettent d’accord pour vendre leurs données et non les céder dans l’hypothétique espoir de trôner en haut du top 100 sus cité. La coordination à grande échelle n’étant pas le propre du continent, ce genre de racket perdurera.

Bon ben…

Non seulement il faut travailler, mais il faut veiller à ce que son travail soit documenté, répertorié, photographié, vidéographé, etc. Vivant à l’heure de la métadonnée et du seflie chéri, tout ce qui n’est pas enregistré de façon électronique n’existe pas. Oubliant de ce fait que les données électroniques peuvent être erronées, falsifiées, en mot : photoshoppées.

Toujours est-il que l’action doit avoir une trace. Électronique la trace. Sinon, pour paraphraser Michel Onfray, le réel, votre réel, n’aura jamais existé. Nouveau dictat. Nouvelle servitude.

Les villes africaines refusant de s’y plier, continueront de surfer dans les limbes des « classements internationaux ». Classements qui pour certains équivalent à du journalisme de guerre effectué à l’ombre d’un zinc de bistrot. Décrédibilisante démarche…

Trop mignon

Ceci dit, le jour où ils diront que Dakar est dans le top 3, nous trouverons leurs critères tout ce qu’il y a de plus judicieux (oui oui). En attendant, qu’ils revoient leur copie ne serait-ce qu’en s’immergeant en continu durant un an dans le quotidien des villes aux noms avancés. Un top 100 avouant si naïvement ses manquements ? Trop mignon.

LE TOP 30 DU CLASSEMENT EPFL-AMB - Qualité de vie dans les villes africaines

Voir en ligne : http://www.afriquemagazine.com/comm...

Irène Idrisse

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Lire 1 commentaire

  • sn

    Mort de rire Alexandrie en troisième place et Dakar 20 place derrière, je connais trés bien ce bled d’Egypte, j’y passerais même pas 2 semaines. Quel est le dernier ?

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