Les « xons » : nos sportifs et leurs gris-gris

Sur le marché des gris-gris, fétiches et autres amulettes, certaines motivations sont plus fortes que d’autres : l’amour, bien sûr, mais surtout… le sport.

Publié le 19 avril 2007  

Quel serait l’intérêt d’un combat de lutte sans son cérémonial, son attirail de rituels et de croyances qui donnent à l’évènement toute sa substance, toute sa tension, sa magie ? Au Sénégal, le « xoon » (ou « xoromsi », « xondiomes »), héritage bien vivant de croyances animistes, n’est pas un folklore mais un véritable fait de société. Qu’on y croit ou non, pratiques obscures pour les uns, hygiène de vie pour les autres, ces rituels magico religieux font partie de notre quotidien. Certains esprits des plus rationnels reconnaissent qu’ils y croient, chacun a au moins un exemple pour témoigner de l’existence de tel ou tel procédé surnaturel. Moi, je ne demande pas mieux que d’y croire. Mais alors, qu’attendons-nous pour gagner la Coupe du Monde ?

Avec le fameux match France-Sénégal en 2002, beaucoup d’encre a coulé à ce sujet : la victoire des Lions face à la France alors c h a m p i o n n e d u Monde en titre, avait même réussi à faire planer le doute dans les médias du monde entier sur l’apport supposé des forces mystiques dans leur performance. « Quel serial killer travaille pour les lions ? » titrait même le quotidien dakarois Frasques, devant l’étrange coïncidence d’une équipe adversaire à nouveau privée de son joueur vedette. L’absence significative de Zidane lors de ce match rendait en effet déconcertant le bilan dressé par les observateurs les plus attentifs : « lors de la CAN 2002, au Mali, les Lions avaient joué l’Egypte sans Hossam Hassan, la Zambie privée de son meilleur attaquant Dennis Lota et la RDC orpheline de Shabani Nonda.

Et, atteignant la finale pour la première fois de son histoire, le Sénégal avait perdu face au Cameroun, privé de Patrick Mboma. Les faits laissent planer le doute. D ’ aucuns ajouteront même que des sommes faramineuses (quelques 90,5 Millions FCA) ont grevé le budget de la CAN 2002, pour des dépenses consacrées aux « xoon ». La justice est saisie et la controverse se poursuit.

Une question se pose : ne peut-on plus marquer un but au Sénégal sans être soupçonné de sorcellerie ? On comprend aussi l’indignation des équipes africaines face à cette image archaïque d’une Afrique sacrificatrice de poulets : « Pourquoi en revenez-vous toujours à cette vision de l’Afrique ? Si c’était si important pour nous, les pays africains seraient tous champions du Monde et les clubs européens qui emploient des joueurs africains auraient tous gagné la Ligue des champions. Il faut expliquer les choses, sinon tout le monde va continuer à croire qu’on est sans arrêt en train d’égorger des poulets ou je ne sais quoi », s’explique l’ex-capitaine de l’équipe, Aliou Cissé. Naturellement, c’est toujours quand on gagne qu’on invoque la magie noire. Au lieu de désigner les marabouts et leurs prétendues prestations mystiques, on ferait mieux d’apprécier pour ce qu’elle est la performance des lions. Alors, ces « garabou-garabou », mythe ou réalité ? On peut aussi penser qu’ils administreraient un effet « placebo », en jouant un rôle dans la préparation psychologique des sportifs, le contrôle de l’anxiété, l’amélioration de la confiance et de la motivation, pouvant aboutir à des résultats réels ...

Chacun aura son avis sur la question. Non ?

Maya - Photos : www.kamikazz-photo.com

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