Les trois normaux

Ataya : le thé à la menthe à la sénégalaise

Le thé, nous l’avons hérité de nos voisins mauritaniens, mais nous avons une technique particulière de préparation. C’est un peu long, mais c’est bon et convivial. Venez boire « les trois normaux », notre ataya.

4 commentaires

Prenez votre temps, on vous invite à boire un thé. Pour les « trois normaux », il faut compter une heure ou deux à discuter tranquillement à l’ombre après le repas.

Le thé est un rituel tout à fait particulier. Voici comment ça se passe en synthèse.

Le matériel nécessaire : une théière verte ou bleu, des verres à thé, une assiette, un fourneau à gaz ou à charbon.

Préparation du thé

Les ingrédients : du thé vert, du sucre, de la menthe fraîche et de l’eau.

Le principe

  • on fait bouillir l’eau et le thé dans la théière dont on a bouché le bec avec du papier pour éviter que ça déborde
  • on attend un peu et on ajoute du sucre
  • on refait chauffer puis mijoter
  • on transvase dans un verre, puis du verre à la théière, puis de la théière à un autre verre
  • on transvase ensuite de verre en verre, bien haut pour aérer et faire de la mousse, plusieurs fois
  • on sert bien mousseux, 1 cm minimum
  • on le boit en faisant « slurp » et en évitant le fond du verre car il reste quelques morceaux de feuilles de thé.

Même opération pour le deuxième et troisième thé, pour lesquels on ajoute de la menthe et plus de sucre. On lave les verres entre chaque thé. On prévoit toujours plus de thé pour en proposer aux gens qui passent.

Le premier thé s’appelle le « leweul » en wolof, le deuxième « deuxième » et le troisième « troisième ». On vous dira que le premier est amer comme la mort, le deuxième doux comme la vie et le troisième sucré comme l’amour. À chacun de juger...

Thé à la menthe Sénégal

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  • fr

    Cet article propage et soutient visiblement la pratique de l’appropriation culturelle du thé marocain appelé « Atay », en rendant le thé marocain (Atay) à la menthe « sénégalais ».
    Historiquement, ce n’est pas le cas.

    Le thé à la menthe est une création marocaine : au 17e siècle, le Sultan du Maroc reçoit en cadeau de l’Angleterre du thé de chine, son utilisation est restreint à de riches familles, les marocains y ajoutent les feuilles de menthe pour adoucir l’amertume, créant le thé à la menthe.
    Durant les siècles suivants, l’Atay (le thé à la menthe marocain) se démocratise pour devenir le symbol de l’identité marocaine. D’où le proverbe Marocain : On dit que « le premier thé est amer comme la vie, le deuxième fort comme l’amour et le troisième suave comme la mort ».

    Avec ce nouvel afflux massif de thé, l’accès au produit se démocratise et la culture marocaine atteint le Sénégal.
    La Mauritanie étant une création française de 1960, avant cette date, la Mauritanie n’existait pas en tant que pays, la Mauritanie était une terre marocaine : L’Empire du Maroc avait pour frontière le Sénégal, de ce fait, selon les sources, le thé marocain à la menthe circulait déjà au 19e siècle jusqu’au sud du Sahara marocain (Mauritanie actuelle), avant de pouvoir récemment atteindre le Sénégal voisin.
    
    Le terme « Ataya » vient du terme « Atay », un terme berbère marocain qui dérive du Tamazight (langue berbère), c’est comme ça que les marocains appellent leur thé à le menthe.
    Le Ataya n’est autre que le Atay marocain (thé vert à la menthe) qui a été introduit récemment au Sénégal. Merci donc de ne pas commettre d’appropriation culturelle sur notre thé à la menthe marocain, déjà que nos pays voisins d’Afrique du Nord (L’Algérie et la Tunisie) veulent absolument introduire le thé marocain dans leur culture, ce que nous percevons comme une appropriation culturelle flagrante car même si le reste des pays d’Afrique du Nord sont aussi des pays berbères, le thé à la menthe est une création marocaine des berbères marocains qui s’illustre à travers le rituel ancestral du thé marocain à la menthe que nous pratiquons depuis des siècles, le thé à la menthe marocain (l’Atay) est un élément de l’identité marocaine, de ce fait, pour mieux préserver notre singularité et notre culture, nous ne permettons pas que notre culture marocaine soit celle d’un autre pays ou qu’elle soit partagée avec un autre pays ou qu’elle soit pratiquée en toute insouciance par un autre pays.
    
    D’ailleurs, l’apport marocain au Sénégal ne s’arrête pas à la consommation et au rituel de l’Atay, mais on retrouve cette influence notamment dans la consommation du thiéré (une sorte de couscous au mil) lors de l’Achoura, appelée « Tamkharit » au Sénégal. Ce plat est une introduction par le Maroc, on comprend donc que l’influence marocaine est très présente au Sénégal.
    Notamment, le nouvel an musulman au Sénégal est appelé « Tamkharit », « Tamkharit » est un terme qui a une connotation berbère (il dérive d’un terme de la langue Tamazight, aussi appelée « langue berbère »). De ce fait, il n’est pas étonnant de constater que le thiéré (couscous au mil) est consommé au Sénégal lors du « Tamkharit » (l’Achoura), il y a un lien directe entre les deux car les deux ont une origine berbère.
    
    Je pense que l’apport maroco-berbère a été sous-estimé au Sénégal et que des études doivent êtres menées dans ce sens pour mieux comprendre et mesurer l’influence de l’Empire Chérifien (le Maroc) sur les pays voisins, afin de mieux restituer au Maroc, l’ampleur de son histoire et de valoriser, à juste titre, la ténacité de sa soft-power.
    Notamment à travers la chaussure « balgha » marocaine qui a été un temps utilisé au Sénégal et dont on retrouve quelques exemplaires dans certains musées.
    
    Au vu des innombrables tentatives algériennes d’appropriations culturelles sur le patrimoine marocain, nous ne tolérons plus que des pays voisins utilisent notre culture pour se promouvoir car cela porte atteinte à l’identité marocaine et porte préjudice au Maroc dont sa culture se met à être assimilée à d’autres pays et à d’autres peuples. Le Maroc qui a su garder sa particularité à travers les siècles (notamment en repoussant l’Empire Ottoman contrairement aux restes des pays d’Afrique du Nord), et doit pouvoir continuer de préserver son authenticité, sa culture, son identité tout en continuant d’affirmer sa différence. Et c’est dans ce contexte, que chaque utilisation de la culture marocaine par nos pays voisins sera définitivement pointé du doigt comme étant de « l’appropriation culturelle ».
    
    Les français sont les deuxièmes consommateurs au monde de pizza, mais cela ne rend pas pour autant la pizza italienne « française » car la pizza est italienne, de ce fait, elle ne peut pas devenir française, et cela, peu importe, combien de tonnes de pizza les français engloutissent.

    Voir concernant le thé marocain (l’Atay) :
     Peinture de Mariano Bertuchi, à Tanger (Maroc), intitulé en espagnol « Sirviendo el té », peinte en 1899 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sirviendo_el_t%C3%A9_or_Serving_Tea,_1899,_Mariano_Bertuchi.jpg

     Peinture de Victor Eeckhout à Tanger, Maroc, en 1856 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Victor_Eeckhout_-_Tangier.jpg

    Photographies anciennes de la cérémonie du thé au Maroc :
     À Fez, en 1930 : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Famille-juive-de-F%C3%A8s-c%C3%A9r%C3%A9monie-du-th%C3%A9.jpg

     Famille marocaine lors de la cérémonie du thé : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Famille_marocaine_autour_de_la_c%C3%A9r%C3%A9monie_du_th%C3%A9.jpg

     Cérémonie du thé : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Moroccan_women_at_a_ceremony.png

    Cordialement,
    Anouar Filali.

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  • Sénégal

    Bonjour !
    Un article très intéressant sur le traditionnel cérémonial du thé au Sénégal ! La dernière fois que j’étais au Sénégal, on nous a expliqué que le premier est fort comme l’homme, le deuxième est doux comme l’amour et le dernier est amer comme la vie !
    Sûrement une des variations en fonction de l’endroit où on se trouve !

    • Sénégal

      c est l inverse
      le premier st amer comme la mort
      le deuxime doux comme la vie
      le troisieme sucre comme l amour !

    • Sénégal

      Merci beaucoup pour cet article et les commentaires qui dévoilent la vision philosophique développée autour de cette pratique. Actuellement je travaille sur la consommation de ce thé au Bénin. En gros mon analyse consiste à la comparaison de la notion de convivialité que la consommation de ataï révèle avec l’usage de la chicha chez les adolescents. J’aimerais savoir qu’elle type de feuille permet de fabriquer la thé vert (son nom). Merci beaucoup.

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