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Les Sénégalais des Landes : une présence incontournable sur les marchés saisonniers

Dans les Landes, l’été apporte plus que le soleil et l’odeur des pins chauffés : il réveille les marchés saisonniers. Ces lieux de vie, éphémères mais intenses, rythment les semaines des habitants et des vacanciers. Le dimanche matin, les allées s’animent pour la traditionnelle balade en famille ; le mercredi soir, elles deviennent le rendez-vous incontournable après une journée de plage. Ici, entre les accents du Sud-Ouest et les couleurs de l’Afrique, la communauté sénégalaise a su trouver sa place, apportant chaleur, saveurs et savoir-faire.

Publié le 25 juillet 2025   1 commentaire

De Parentis-en-Born à Biscarrosse, de Dax à Mont-de-Marsan, la présence des sénégalais sur les marchés est devenue une évidence pour les habitants comme pour les vacanciers. Ils y vendent des paniers tissés, des bijoux, des vêtements en wax, des lunettes et des casquettes, mais aussi des plats qui embaument les allées. Entre éclats de rire et travail acharné, leurs parcours sont des histoires de courage et de transmission.

Une empreinte chaleureuse sur les marchés landais

Lorsque l’on déambule entre les stands, impossible de ne pas être attiré par ces petits coins d’Afrique qui s’offrent aux regards curieux. Des étals de paniers tissés du Sénégal, des rangées de bijoux colorés, des vêtements en wax aux motifs éclatants, des lunettes de soleil et casquettes qui s’alignent sagement sous le soleil d’été.

Plus loin, des femmes patientent devant un stand de tresses, des enfants émerveillés observent les mains agiles qui transforment leurs cheveux en œuvres d’art. L’odeur épicée d’un thiéboudienne qui mijote se mêle à celle, sucrée et réconfortante, d’une pâte à crêpes en train de cuire doucement.

Ici, chaque commerçant sénégalais raconte une histoire. Celle d’un départ, d’une adaptation souvent difficile, et d’un travail acharné pour bâtir une nouvelle vie. Tous insistent sur un point : la rigueur administrative est essentielle pour pouvoir travailler sereinement.

«  Si tu as tous tes papiers, tes assurances et tes autorisations à jour, tu n’as aucun problème avec les marchés. Les contrôles peuvent être fréquents, mais en règle, tu travailles en toute tranquillité  », confie Massamba.

Massamba : 20 ans de fidélité aux marchés landais

Massamba Ndiaye fait partie des piliers de ces marchés saisonniers. Depuis vingt ans, il déplie son stand chaque été, alignant soigneusement ses paniers tissés du Sénégal, ses bijoux éclatants et ses vêtements en wax aux motifs vibrants. Sa femme, toujours à ses côtés, coiffe avec dextérité les vacancières qui veulent repartir avec de fines tresses africaines, petites œuvres d’art qui feront sensation sur la plage.

Pour Massamba, les marchés ont d’abord été un moyen de financer ses études. Aujourd’hui, il est à la tête d’une entreprise de logistique entre Bordeaux et le Sénégal, mais il continue de revenir chaque saison.

«  Le marché m’a beaucoup donné. Grâce à mes ventes, j’ai pu payer mes études et lancer mon entreprise de logistique entre Bordeaux et le Sénégal. Aujourd’hui, ça fait plusieurs années que mon business tourne, mais je continue à venir ici chaque été.  »

Père de deux enfants nés en France, Massamba parle avec tendresse de cette double culture qu’ils portent :
«  Ils sont plus Français que Sénégalais. Je veux qu’ils connaissent leurs racines et qu’ils soient fiers des deux pays.  »

Lui-même se souvient des débuts difficiles, où il fallait apprendre les règles, s’organiser et obtenir tous les papiers nécessaires.
«  Ici, il faut être carré : papiers, assurances, autorisations. Si tu es en règle, tu travailles tranquille, même quand les douaniers passent.  »

Massamba souligne aussi l’importance de la solidarité entre sénégalais :
«  On se voit moins qu’avant, chacun est pris par son travail et sa vocation. Mais on s’entraide toujours quand on peut. Il faut avoir le « diom », comme on dit chez nous : le courage et la force d’âme.  »

Anna : une cuisine qui réunit et un accueil inoubliable

Plus loin, l’odeur du thiéboudienne qui mijote, des fatayas dorés et du bissap   glacé attire irrésistiblement. C’est Anna, avec son food truck coloré, qui régale vacanciers et locaux. Arrivée en 2013, elle se souvient avec émotion de ses premiers pas en France.
«  Mes beaux-parents m’ont accueillie comme leur fille. Je n’oublierai jamais leur gentillesse. Ça m’a beaucoup aidée à m’intégrer ici.  »

Après avoir travaillé dans les serres de tomates, Anna a suivi sa passion pour la cuisine. Aujourd’hui, sa clientèle fidèle ne jure que par ses plats sénégalais.
«  Les Landes m’ont bien accueillie. Les gens sont curieux et adorent découvrir de nouvelles saveurs. Et je fais tout pour qu’ils reviennent chaque été.  »

Elle insiste aussi sur l’importance de la régularité administrative :
«  Dans ce métier, il faut que tout soit en ordre. Papiers, assurances, contrôles… Ça fait partie du quotidien.  »

Mor, le roi des marchés

Impossible de manquer Mor et son stand à l’odeur envoûtante de pâte chaude et de fromage fondant. Ses crêpes salées et sucrées sont devenues une véritable institution des marchés landais. Les enfants trépignent d’impatience, les parents échangent un sourire complice en attendant leur tour, et les vacanciers de passage lui réservent une fidélité d’année en année.

Pourtant, le chemin de Mor vers ce succès n’a pas été simple. Arrivé en France à l’âge de 6 ans avec sa mère, ils venaient retrouver son père déjà installé depuis quelques années. Mais le choc culturel et l’adaptation ont été rudes.

Avec le temps, Mor a appris à aimer son nouveau pays, à s’y faire une place. C’est ce mélange de racines sénégalaises et d’identité française qui donne aujourd’hui à son stand cette atmosphère unique : un peu de la teranga   africaine, beaucoup de convivialité et un sens du service à la française.

Les habitués ne s’y trompent pas. À chaque marché, la même exclamation ravie fuse quand ils l’aperçoivent :
«  Ahhhh vous êtes là ! Heureusement ! On vient que pour vous !  »

La file d’attente serpente entre les autres étals. Vacanciers, habitants, enfants impatients, même les autres commerçants viennent y commander leur pause gourmande. Certains passent discrètement avant l’ouverture pour réserver, de peur de devoir attendre trop longtemps.

À la fin de la journée, la scène est toujours la même : la placière du marché et quelques commerçants se retrouvent autour de son stand, une crêpe à la main, un verre de vin ou de champagne dans l’autre. Des éclats de rire ponctuent la préparation des dernières commandes.
«  C’est ça que j’aime : le marché, c’est du travail, mais aussi du partage.  »

Aïssata : petites tresses et rêves de princesses

Aïssata, elle, apporte une touche de magie aux plus jeunes. Depuis trois ans, elle installe son stand sur les marchés et dans les campings, accompagnée de sa collègue qui porte le petit Elana attachée dans le dos, dormant paisiblement.
«  Les filles adorent mes petites tresses roses. Elles se regardent dans le miroir, les yeux brillants, comme si elles devenaient des princesses. C’est ça qui me plaît le plus : voir leur bonheur.  »

Pour Aïssata, l’été est une période intense, mais précieuse :
«  Ça me permet de vivre au Sénégal le reste de l’année, près de ma famille. Ici, je travaille beaucoup, mais j’aime ça. Il y a une belle énergie sur ces marchés.  »

Quand le marché devient un pont entre deux cultures

Pour ces commerçants sénégalais, le marché n’est pas qu’un espace de vente. C’est un lieu d’échanges, un pont entre deux rives, un espace où ils partagent leur culture tout en s’intégrant à celle de leur pays d’accueil.
Malgré les défis – paperasse, coûts des emplacements, horaires épuisants – ils témoignent d’une résilience et d’un enthousiasme à toute épreuve. Et les habitants des Landes leur rendent bien, en faisant de leurs stands des étapes incontournables.

Une richesse humaine et culturelle pour les Landes

Les marchés des Landes vibrent au rythme de la teranga sénégalaise : hospitalité, partage, couleurs et saveurs. Ici, un panier tissé peut être le souvenir d’un été, une tresse peut transformer une journée, une crêpe peut réunir une file entière dans la bonne humeur.

À travers leur travail, Massamba, Anna, Mor, Aïssata et tant d’autres nous rappellent qu’avec courage et passion, il est possible de bâtir des ponts solides entre les cultures et de transformer un simple marché en un lieu de vie, d’amitié et d’échange.

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Lire 1 commentaire

  • cv

    C est vraiment sympa l ambiance multicuturelle de ces marchés régionaux

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