Au Sénégal, le plastique constitue l’emballage le plus privilégié. Pour chaque produit acheté, un emballage en plastique est remis au client, ce qui augmente le volume des déchets plastiques parce qu’il s’agit pour la plupart d’emballages à usage unique.
En avril 2020, l’instauration de la loi relative à l’interdiction de fabrication, d’importation, et de commercialisation des emballages en plastique a été une étape majeure. Mais, cette loi ne fait disparaitre totalement le plastique du paysage sénégalais. Deux ans après l’entrée en vigueur de cette mesure d’interdiction, force est de constater que le commerce et la production de ces emballages en plastique se portent toujours bien au Sénégal. Les boutiques et échoppes qui commercialisaient les sachets à usage unique continuent à le faire malgré l’interdiction sans jamais être contrôlées ni inquiétées.
Selon certains spécialistes, cette loi, bien qu’elle constitue une avancée majeure en matière de lutte contre le plastique et ses déchets, comporte malheureusement des lacunes qui peuvent compromettre son application dont notamment :
- la rigidité de certaines dispositions comme l’article 5 de la loi qui dispose que l’interdiction ne vise pas les sacs plastiques destinés et utilisés dans les points de vente pour emballer des denrées alimentaires afin de les protéger, de permettre leur manutention ou leur acheminement du producteur ou du vendeur au consommateur, et d’assurer leur présentation. Cette disposition dérogatoire peut servir de brèche pour contourner l’interdiction.
- la non prise en compte d’une commission chargée de gérer les infractions en matière de produits plastiques ;
- l’absence d’une vulgarisation au niveau de tout le territoire national ;
- l’absence de textes réglementaires d’application ;
Ainsi, face à la résistance des emballages en plastique, la solution définitive à cet épineux problème semble plutôt se trouver dans le recyclage des déchets plastiques.
LE RECYCLAGE DU PLASTIQUE EN PLEIN ESSOR AU SÉNÉGAL
En attendant l’application effective de la loi, quelques initiatives proposent d’ores et déjà de réutiliser les déchets plastiques polluants pour fabriquer des meubles, des chaises, des tables bancs, des pavés, des ustensiles, etc.
Ces initiatives mettent en places des projets de valorisation des déchets avec des systèmes performants de collecte et de tri des déchets plastiques. Toute une chaine de valeur se met en place entre les ramasseurs, le broyage, le retour à l’industrie du plastique, le recyclage et la revalorisation vers d’autres produits. Une véritable économie autour du plastique. Certains
le qualifie de circulaire et beaucoup tire leur subsistance de cette activité.
Parmi les acteurs les plus connus de la filière recyclage au Sénégal « Prosplast industrie », une entreprise qui aide à collecter et recycler le plastique pour ensuite créer de nouveaux produits à partir de ce plastique recyclé pour le marché local. Récemment, l’entreprise a mis en place des plaques rigides de grand format : 1,20 m de long, 1,20 m de large et jusqu’à 30 mm d’épaisseur, à partir du plastique 100% recyclé.
Une grande réussite dans le domaine de la valorisation du plastique au Sénégal. Ces plaques sont fabriquées avec du plastique recyclé sénégalais. Elles sont la preuve visible de la possibilité de construire une nouvelle économie circulaire en utilisant du plastique recyclé localement.
Luttons ensemble contre la pollution par le plastique
Une vidéo « Atlas du plastique au Sénégal » par Heinrich-Böll-Stiftung