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Droit de succession au Sénégal : comprendre les règles et les démarche

Au Sénégal, le droit de succession encadre la transmission du patrimoine d’une personne décédée à ses héritiers. Pourtant, beaucoup de familles se retrouvent perdues face aux procédures et aux règles parfois complexes. Cet article vise à clarifier les principes essentiels : qui hérite, comment se répartit l’héritage et quelles sont les démarches à accomplir.

Publié le 13 octobre 2025  

Le cadre juridique de la succession

Le droit de succession au Sénégal repose principalement sur le Code des obligations civiles et commerciales (COCC) et le Code de la famille. Le pays reconnaît trois régimes successoraux :

  • Le droit coutumier, appliqué selon les traditions des groupes ethniques ;
  • Le droit musulman, fondé sur les règles de la Charia ;
  • Le droit civil.

Le régime applicable dépend de la confession et parfois de la volonté exprimée par le défunt. En pratique, la majorité des successions au Sénégal sont régies par le droit musulman, sauf disposition contraire ou choix explicite du régime civil.

Les principes généraux du droit musulman de la succession

Le droit musulman repose sur une idée d’équité entre les héritiers selon leur lien de parenté. Les héritiers sont classés par ordre de priorité :

  • le conjoint survivant ;
  • les descendants directs (enfants, petits-enfants) ;
  • les ascendants (père, mère) ;
  • Les collatéraux (frères, sœurs, oncles…).

La répartition des parts est fixée par des règles précises : par exemple, le fils reçoit généralement le double de la fille, principe qui découle de la responsabilité économique de l’homme dans la famille selon la tradition islamique.

Si le défunt laisse uniquement des filles, elles se partagent les deux tiers de la succession. En l’absence d’héritiers directs, l’héritage revient aux parents les plus proches selon la hiérarchie prévue par la loi islamique.

Le droit civil : un partage égalitaire

Le droit civil, moins fréquent, repose sur le principe d’égalité entre les héritiers. Le conjoint survivant hérite d’une part déterminée selon le nombre d’enfants ; les fils et filles reçoivent des parts identiques. Ce régime peut être choisi volontairement, notamment par testament ou par déclaration devant notaire.

Les successions coutumières

Certaines communautés sénégalaises continuent de pratiquer le droit coutumier. Dans ce cas, la succession est réglée selon les traditions locales : la famille élargie joue un rôle majeur et les femmes héritent rarement des terres. Ce régime est encore appliqué dans certaines zones rurales, mais il tend à reculer au profit du droit musulman et civil.

Les droits du conjoint survivant

Le conjoint occupe une place centrale dans la succession. En droit musulman, la femme hérite du quart des biens si elle n’a pas d’enfant, et du huitième s’il y a des descendants. L’homme, veuf, hérite de la moitié si le couple n’a pas eu d’enfant, ou du quart s’ils en ont eu.

Il est important de rappeler que le mariage doit être officiellement enregistré pour que le conjoint soit reconnu comme héritier légal. Dans le cas contraire, la personne risque de ne pas être incluse dans la succession, ce qui entraîne souvent des litiges.

Le rôle du testament

Le testament permet à toute personne d’organiser la transmission de ses biens de son vivant. Il doit être rédigé devant notaire ou écrit et signé de la main du testateur. Toutefois, selon le droit musulman, le testament ne peut disposer que d’un tiers des biens, le reste revenant obligatoirement aux héritiers légaux.

Le testament est donc utile pour désigner un légataire particulier (ami, œuvre caritative, etc.) ou préciser la répartition de certains biens personnels.

Les démarches à suivre après un décès

La procédure successorale comporte plusieurs étapes.

  • Constat du décès et établissement de l’acte de décès à l’état civil.
  • Inventaire du patrimoine du défunt : biens immobiliers, comptes bancaires, véhicules, etc.
  • Détermination des héritiers selon le régime applicable.
  • Établissement de l’acte de notoriété par un notaire, qui confirme officiellement la liste des héritiers.
  • Partage et mutation des biens auprès du service des domaines et du cadastre.

Le recours à un notaire est vivement recommandé pour éviter les conflits et assurer la validité des démarches. En cas de désaccord entre héritiers, le tribunal de grande instance peut être saisi.

Le cas des biens immobiliers et des terres

La succession des terrains et biens immobiliers est particulièrement délicate au Sénégal. Beaucoup de familles possèdent des terrains non immatriculés ou non enregistrés. Dans ce cas, la première étape consiste à faire régulariser le titre foncier.

Sans cela, il est difficile de procéder à un partage légal ou à une vente. Les héritiers doivent également régler les droits de succession auprès de l’administration fiscale avant toute mutation de propriété.

Prévenir les conflits familiaux

Les conflits successoraux sont fréquents au Sénégal, souvent en raison de l’absence de documents, de désaccords sur la valeur des biens ou du non-respect des parts légales. Pour les éviter :

  • conservez tous les titres de propriété et documents administratifs à jour.
  • rédigez un testament clair et authentifié.
  • faites intervenir un notaire dès les premières démarches.
  • favorisez le dialogue au sein de la famille, afin que les décisions soient prises collectivement.

En résumé, la succession au Sénégal est un domaine complexe où se mêlent tradition, religion et droit moderne. Comprendre à quel régime on est soumis, anticiper les démarches et formaliser ses volontés permettent d’éviter bien des tensions après un décès.

Faire appel à un notaire ou un conseiller juridique reste la meilleure manière de garantir une transmission équitable et conforme à la loi.

En savoir plus

Code de la famille du Sénégal


Voir en ligne : https://www.au-senegal.com/les-nota...

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