Hommage à Miriam Makéba, la voix légendaire du continent africain

Celle que l’on surnommait Mama Africa est décédée à 76 ans d’une crise cardiaque près de Naples en Italie dans la nuit du 9 au 10 novembre. Elle nous a quittés après avoir participé à un concert donné pour Roberto Saviano, écrivain menacé de mort par la mafia napolitaine.

Publié le 16 décembre 2008  

Admirée et respectée sur les cinq continents, elle a vu son destin de chanteuse se confondre avec l’histoire cruelle de son pays, l’Afrique du Sud. Non contente d’être l’une des artistes majeures de notre siècle, elle a incarné le combat des cultures africaines pour que celles-ci soient reconnues du monde entier. Elle s’est longtemps battue contre l’aparthied et toutes les formes de racisme et de discrimination.

Rétrospective du parcours incroyable de celle qui chantera durant toute sa vie la tolérance et la paix.

Née en 1932 à Johannesbourg d’une mère Swazi et d’un père Xhosa, Zenzi Makeba avait vu le destin de son pays basculer en 1947 avec l’arrivée au pouvoir des nationalistes afrikaners.

A 20 ans, elle sera choisie pour être la principale choriste du groupe Manhattan Brothers et effectuera avec eux des tournées mondiales. Elle deviendra très rapidement une vedette et se servira de son nouveau métier pour dénoncer l’aparthied.

En 1956, elle écrira son succès planétaire, Pata Pata qui restera durant des mois en tête de tous les hits parades du monde entier. Ce titre sera repris plus tard par Coumba Gawlo.

En 1959, elle sera contrainte à un exil qui durera 31 ans en raison de son apparition dans le film Come Back, Africa de Lionel Rogosin. Elle obtiendra cependant un titre de citoyenneté honoraire dans 10 pays dont la France.
En 1963, Miriam Makeba multipliera les déclarations anti-apartheid et mettra le feu aux poudres notamment lors d’un discours à l’Unesco.
En 1965, elle sera la première femme noire à obtenir un Grammy Award partagé avec le chanteur Harry Belafonte pour leur disque commun « An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba ».
En 1969, elle épousera Stokely Carmichael, l’un des chefs des Black Panthers américains, figure contestée de la lutte pour les droits civiques. Elle divorcera 4 ans plus tard et émigrera en Guinée.

En 1985, elle sera faite Commandeur des Arts et des Lettres par la France. Mais cette même année, Bongi son unique fille, décédera. Les ennuis d’argent la plongeront dans la dépression.
En 1987, alors qu’elle vit en Belgique, elle connaîtra un nouveau succès mondial en participant à l’album Graceland de Paul Simon.
Ce n’est qu’en 1990, alors qu’elle vient d’obtenir la nationalité française, que Nelson Mandela arrivera à la persuader de revenir dans son pays.

En 1992, elle fera une apparition dans le film Sarafina qui raconte les émeutes de Soweto en 1976.
En 2000, elle sortira un nouvel album, Homeland, comptant sa joie d’être de retour dans son pays.

Miriam Makeba a toujours rêvé d’une grande Afrique unie.
Sa vie aura été un combat permanent contre l’injustice.
Les nombreux titres honorifiques et récompenses ne cesseront de saluer tout au long de sa vie et même bien au delà, l’impressionnant travail qu’elle aura réalisé pour lutter contre l’apartheid et les discriminations en tout genre.

Elle restera à jamais dans l’histoire comme une immense artiste qui apporta au travers de ses concerts un message de paix, d’amour et de tolérance au service de l’égalité et de la liberté.

Fréderic Thomas

Partager 

Poster un commentaire

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message