Dj Cortega : initiateur de l’Electrafrique

Dj Cortega est l’initiateur des soirées Electrafrique, véritables caisses de résonance pour la multitude de styles musicaux quadrillant le continent. Le 20 octobre au soir, il sera aux platines au centre culturel Douta Seck. L’homme nous parle ici de sa vision festive et sociologique de la musique. De Naïrobi à Dakar, d’Electrafrique à la « Sieste electro » à l’Institut français : Dj Cortega.

« J’aime les musiques qui vous élèvent, et pas celles qui vous tirent au fond du gouffre »

Depuis quand résidez vous au Sénégal ?

Je vis au Sénégal depuis maintenant deux ans et j’aime énormément le pays, les gens, la culture, Dakar, sa diversité, sa musique qui a le regard tourné tant vers l’Afrique de l’Ouest que vers l’Océan Atlantique.

Qu’est ce qui vous a fait le choisir comme pays de résidence ?

J’ai vécu les cinq années précédentes à Nairobi. J’ai vraiment beaucoup aimé cette ville et le Kenya, en général, pour son coté dynamique et sa scène musicale très active. Beaucoup d’événements, beaucoup d’opportunités d’organiser de belles choses. Cela dit, musicalement, j’ai toujours eu plus d’affinités pour la musique d’Afrique de l’Ouest. Et puis il y a la dimension « atlantique » de la musique ouest-africaine, qui a influencé énormément les musiques brésiliennes, caribéennes, américaines, et vice-versa. Il y a vraiment un va-et-vient culturel autour de l’Atlantique, et Dakar et l’un des ports d’influence essentiel dans cette géographie musicale et culturelle.

Le choix de votre pseudo Dj Cortega ?

C’est un nom que je porte depuis jeune, qui est resté à la suite d’une soirée organisée sur le thème du Parrain.

une soirée avec dj Cortega-sénégal

Quelle place tient la musique dans votre vie ?

La musique a une place ultra centrale dans ma vie. Elle offre une grille de lecture sur le monde qui est unique, vivante et évolutive. Pour moi, c’est un peu le langage universel, autour duquel tous les humains peuvent se retrouver. Je cherche toujours à me connecter avec mon audience, à établir un rapport, une conversation. La musique c’est l’occasion d’une constante découverte.

« A ce jour, on a tourné avec Electrafrique dans plus d’une douzaine de pays, en Afrique, aux US, en Europe… »

Pouvez-vous nous parler de l’événement Electrafrique ?

Electrafrique est une soirée qui est centrée sur les musiques africaines électroniques, dans le sens très large du terme, allant de la house sud-africaine, au kuduro angolais, à la pop nigériane, au coupé décalé, en passant par le soukous, le ndombolo, le semba, kizomba, et j’en passe... En gros, c’est une plateforme d’expression pour toutes les formes musicales du Continent, ou d’influence africaine, qui vous font bouger sur le dancefloor. Donc un voyage panafricain, qui fait de grands détours aussi par les Caraïbes, le Brésil, bref, toutes les cultures musicales d’influence africaine. La soirée est née il y a une dizaine d’années, d’une volonté de mettre en scène la créativité et la diversité musicale du Continent sur les pistes de dance de part le monde. A ce jour, on a tourné avec Electrafrique dans plus d’une douzaine de pays, en Afrique, aux US, en Europe et au-delà.

Qui en est l’initiateur ?

C’est moi qui ai lancé la soirée, avec mon frangin DJ Underdog, alors que je vivais encore aux US. On a ensuite développé le concept avec Electrique DJs - B-DJ, Somi et AndyDJ - à Nairobi.

En quoi consiste cette soirée exactement ?

Ca dépend d’où se passe la soirée. A Dakar, c’est un événement qui a lieu à peu près tous les deux mois, dans des espaces en plein air, généralement, comme Douta Seck par exemple, et qui mettent en scène nos DJs résidents : DJ Leuz Zarak et Cortega, ainsi qu’un DJ invité, qui nous vient de la sous-région en général. A Dakar, nous avons eu la chance d’accueillir notamment Boddhi Satva (RCA), DJ Moma (NYC/Soudan), Rancido (Suriname), Blinky Bill (Kenya), ou Sabine Blaizin (NYC/Haiti) notamment.

soirée Electrafrique-dj cortega-sénégal

« C’est une manière de créer du lien social au-delà des clivages potentiels qu’on rencontre dans la société »

Quel est son déroulé ?

Bien que l’emphase soit clairement sur la musique et la danse, on essaye aussi de mettre en scène d’autres formes d’expressions artistiques. On a eu l’occasion d’accueillir des graffs en live avec Madzoo, par exemple, ainsi que des studios photos pour immortaliser le moment de manière créative, avec Siaka Traore, et plus récemment Diakus. La soirée commence en général à 22h, avec une entrée gratuite la première heure. C’est super important pour moi d’organiser des événements qui sont vraiment ouverts à tous ceux qui souhaitent passer une bonne soirée. C’est une manière de créer du lien social au-delà des clivages potentiels qu’on rencontre dans la société.

De quel constat est-elle née ?

La soirée est née d’une passion pour les musiques africaines, et du constat que ces dernières peinaient à être reconnues, ou appréciées à leur juste valeur, du moins aux Etats-Unis, où la soirée est née. Ensuite, l’idée, c’est aussi de créer une plateforme internationale qui permette aux artistes et DJs du Continent de tourner, en Afrique et ailleurs. L’industrie musicale, comme beaucoup d’autres secteurs économiques, fonctionne beaucoup par réseaux, et c’est justement le modèle qu’Electrafrique préconise en établissant des connexions entre musiciens, producteurs, danseurs, promoteurs et audiences qui ont les musiques africaines contemporaine comme centre d’intérêt commun.

Pourquoi ce désir de montrer le travail des djs africains ?

Parce que leur travail, en particulier en tant que producteurs - je pense à des DJ/producteurs tels que Boddhi Satva, Black Coffee, ou encore Djeff Afrozilla - est musicalement incroyable ! J’apprécie et respecte énormément le travail des DJ/producteurs du Continent, qui contribuent à une longue tradition musicale, mais qui le font « à leur sauce », avec des technologies tout aussi modernes, voire futuristes, que ce qu’on peut voir ou entendre à Tokyo, New York ou Paris.

Concernant Electrafrique, quels sont vos partenaires ?

Nous avons un partenariat de long terme avec le site OkayAfrica, ainsi qu’avec la
soiree Everyday People, de New York. Sur Dakar, nous organisons la soirée avec le collectif Kaani, et avons fait de belles choses avec Les Petites Pierres, notamment. Nous collaborons également avec Music In Africa qui est une plateforme essentielle de diffusion d’information sur la musique du Continent. Nous avons fait de super projets avec les soirées Ancestral, qui ont été lancées par le producteur centrafricain Boddhi Satva. En Afrique de l’Est, nous travaillons avec des groupes comme Blankets & Wine, Good Times Africa, ou Kenya Nights. Comme je le mentionnais plus haut, le modèle d’Electrafrique est fondamentalement collaboratif, donc je ne peux pas vous mentionner ici tous nos partenaires.

kizomba-soirée dj cortega-sénégal

« Il faut s’attendre à partir en voyage, quand on va à Electrafrique »

A quoi doivent s’attendre ceux qui seront présents lors de la prochaine session ?

Nous, ce qu’on cherche à faire, c’est à faire découvrir de nouveaux sons, de nouveaux genres de musiques dans une approche panafricaine... On voyage en musique facilement entre Dakar, Johannesburg, Luanda, Kinshasa, Bamako, Abidjan et Lagos... avec des petits détours par le Brésil et le Caraïbes. C’est justement ça la beauté de la musique. C’est le langage universel, qui tisse des liens indépendamment des frontières. Donc voilà, il faut s’attendre à partir en voyage, quand on va à Electrafrique.

Quand et où aura-t-elle lieu ?

La prochaine soirée Electrafrique à Dakar aura lieu vendredi 20 octobre 2017, à la
Maison de la Culture Douta Seck. Je kiffe vraiment l’espace en plein air, au fond de la cour de Douta Seck, sous les arbres, au cœur de la Medina... c’est pour moi un des lieux magiques de la scène nocturne de Dakar.

Quand a lieu le prochain set spécial ?

J’aurai aussi l’occasion de faire un set spécial « sieste electro », avec mon gars sûr DJ Leuz Zarak, le dimanche 26 novembre 2017 à l’Institut Français de Dakar.

Contact :
Instagram : @djcortega
Instagram : @electrafrique
www.facebook.com/cortega.dj
www.facebook.com/electrafrique

Irène Idrisse/ Photo de couverture : JB Loire

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